Genève vient de manquer une nouvelle occasion de jouer un rôle de pionnier dans le domaine de la politique familiale, en marquant sa volonté d’instaurer un congé paternité et congé parental. A 8 voix près, le Grand Conseil refuse le principe, freinant toute avancée en matière de politique familiale et sociale, alors que le sujet fait débat au niveau fédéral.

Le projet de loi des Verts, soutenus par les Socialistes, Ensemble à Gauche et le PDC, demandait d’instaurer six mois de congé parental à prendre avant l’entrée à l’école de l’enfant, à partager entre les parents, dont au moins deux semaines pour le père, en adaptant la loi sur les allocations pour perte de gain (LAPG) et le Code des obligations. Les questions familiales ne relèvent pas essentiellement de la responsabilité unique des parents ; avoir des enfants n’est pas une affaire exclusivement privée, c’est devenu l’une des questions de politique sociale les plus urgentes.

Les Verts genevois voulaient donner un signal clair de à Berne

Ouvrir la voie d’une base légale fédérale pour adapter le financement du présent projet de loi est pourtant fondamental. Depuis ces dix dernières années, plus de 26 interventions parlementaires fédérales ont été déposées, sans résultat concret. C’est un fait désormais connu, ces congés n’entrent pas dans les priorités du Conseil fédéral bien qu’il reconnaisse que ces mesures sont favorables à la conciliation entre vie professionnelle et familiale. Genève aurait ouvert la voie, comme elle a su le faire en instaurant un congé maternité en 2001, alors que ce combat était à cette époque loin d’être gagné. 

La Suisse est en retard

Le congé paternité et parental existe depuis longtemps dans d’autres pays européens et l’on sait que là où le taux de natalité est le plus élevé se trouve dans les pays du nord, ceux-là même qui ont instauré une politique familiale généreuse. Du reste, et ce n’est pas un hasard, l’UE a émis une directive en 2010, dont le texte oblige l’ensemble des états membres de mettre en place un congé parental de quatre mois au minimum. A croire que les pays qui nous entourent sont bien plus riches que le nôtre pour se permettre ces congés ?

Selon le professeur Schultheis de l’université de St. Gall, « ce projet de loi est pertinent et à la hauteur d’une évolution générale caractéristique de nos sociétés contemporaines, dont les individus, femmes et hommes, semblent être de plus en plus à la recherche d’un partage plus juste des tâches et des droits en matière de vie familiale (…). Instituer un accès égalitaire au droit de prendre soin de son enfant pendant une période cruciale de sa vie lui semble un élément clé de la citoyenneté sociale au 21e siècle et l’Etat de Genève pourrait, par une réalisation de ce droit fondamental, jouer un rôle de moteur et de modèle pour une évolution analogue dans les autres cantons suisses. »

La mesure est profitable aux entreprises

Les entreprises ont tout intérêt à adopter des mesures pro familles, car celles-ci leur permettent de motiver et de retenir la main d’œuvre existante, d’attirer ou de fidéliser des employés en augmentant le degré de satisfaction et de productivité du personnel. Ainsi, bientôt, la main d’œuvre va manquer et se contenter de penser qu’il suffit de mettre les femmes au travail est un concept dépassé. Il convient dès lors de s’adapter aussi à la demande croissante des pères et des mères en matière de congé paternité et parental

Contacts :

Frédérique Perler, Députée, 076 693 58 76

Mathias Buschbeck, Député, 076 341 41 02