Discours prononcé lors du Congrès des Vert-e-s genevois-es du 10 juin 2017
Pour un développement maîtrisé
Genève a mal à son développement. Entre 1998 et 2014, le PIB genevois a crû de 40%, une des augmentations les plus fortes en Suisse et en Europe. Si les tenants de la croissance économique comme moteur de la prospérité semblent satisfaits, les aspects pervers de cette surchauffe se font de plus en plus sentir au sein de la population. Nous devons aujourd’hui revoir notre modèle de développement.
Notre canton, comme tant d’autres collectivités, a assimilé la notion de prospérité à celle de croissance. Pour cela, l’Etat a mis en places des mesures fiscales très favorables pour les groupes multinationaux et mène une politique de promotion économique axée sur l’attractivité de Genève. Et cela fonctionne : notre économie est florissante à tel point que la main d’œuvre locale ne suffit pas et que nous devons recruter des employés sur le marché suisse et européen. Ceci a pour conséquence que plusieurs milliers de personnes viennent s’installer dans la région chaque année. Faute de trouver un logement à loyer abordable sur le canton, une grande part d’entre elles s’installe en France voisine ou sur le canton de Vaud. Genève ne loge pas un tiers des actifs qu’elle emploie. Conséquence : explosion des mouvements pendulaires, transports publics et routes bondés, nuisances et pollution, mitage du territoire chez nos voisins.
Si une partie de la droite stigmatise ces migrants-travailleurs, frontaliers ou immigrés, et s’émeut des projets d’urbanisation pour les loger sur le territoire genevois, il est temps de réaliser que la migration et l’urbanisation ne sont qu’une conséquence de notre politique fiscale et économique à l’égard des entreprises. Il est certainement politiquement plus facile de designer le symptôme, mais il faut aujourd’hui s’attaquer à la cause.
Ces prochaines années donneront l’opportunité de remettre la qualité de vie au centre des objectifs de l’action de l’Etat. Cette qualité de vie passe d’abord par une politique économique basée sur l’emploi, la formation, la valorisation des ressources locales et la solidarité avec les personnes fragiles économiquement et socialement. Elle se renforce par un urbanisme de qualité lié à la ville dense et des courtes distances, faisant la part belle à la mobilité douce, aux espaces publics verts, à un environnement sain, au patrimoine bâti et naturel, aux économies d’énergie, ainsi qu’à la mixité sociale. Elle se conclut par une attention particulière pour les personnes du 3ème âge, souvent isolées, ainsi qu’un soutien aux jeunes familles, souvent débordées. Enfin, le respect des parcours et des identités est gage de diversité et de richesse.
Un point de plus de PIB n’est pas forcément un point de plus de bonheur. Il est temps de renouveler la notion de « prospérité » afin de la rapprocher de celle de la qualité. Ce sera le sens de ma campagne et de la poursuite de mon engagement lors de la prochaine législature.