Par Isabelle Pasquier-Eichenberger, conseillère nationale. Ce texte fait suite à son intervention au Conseil national le 5 mai 2020 dans le cadre de la révision partielle urgente de la loi sur l’aviation face à la crise COVID

Le Parlement a adopté le plan de sauvetage de l’aviation proposé par le Conseil fédéral. Il comprend deux volets : le mise en place d’un crédit d’engagement de 1,275 milliard pour les compagnies et un montant de 600 millions pour les entreprises assurant les prestations dans les aéroports.

Les Vert.e.s se sont battus pour que ce sauvetage soit conditionné à meilleure prise en compte de l’impact de l’aviation sur la santé, l’environnement et le climat. Nous avons notamment proposé de modifier la loi sur l’aviation pour exiger un couvre-feu entre 22h à 7h, une interdiction des vols domestiques et un moratoire sur les infrastructures aéronautiques. Toutes nos propositions ont été balayées. Pour la droite, pour qui « ce n’est pas le moment ».

En un sens, ils n’ont pas tort…. cela aurait dû être fait il y longtemps ! L’aviation aurait dû être intégrée dans les objectifs internationaux de réduction des gaz à effet de serre, les écologistes avaient tentés – en vain – d’inclure ce secteur lors de la COP de Paris ! Que le trafic aérien soit ainsi libre de polluer sans contraintes est inacceptable.

Il n’y a plus de temps à perdre. Les experts du GIEC ont délivré un message clair : il faut réduire MAINTEANT et MASSIVEMENT les émissions de gaz à effet de serre pour contenir les conséquences du réchauffement à un niveau acceptable. La Suisse est particulièrement concernée : les émissions de CO2 ont augmenté de plus de 70% depuis 1990 et elles représentent plus de 18% de nos émissions. Un chiffre très élevé en comparaison internationale.

Le chef de la Taskforce, Serge Gaillard a déclaré dans la presse dominicale qu’au mieux « les opérations aériennes auront repris à 50% à la fin de cette année et la situation pré-corona sera atteinte en 2023 ». Ce modèle, basé sur des vols à prix cassé à une cadence infernale pour les riverains, ne profite à personne. Outre le dumping environnemental, il faut souligner la sous-enchère salariale qui règne. Notre députation au Grand Conseil l’a dénoncé : de nombreuses prestations ont été externalisée et à présent, les conditions de travail précaires et déplorables.

Pour les Vert.e.s c’est clair : le paradigme doit changer. Plutôt que d’ouvrir les yeux sur la vulnérabilité de notre système et de chercher des conditions pour une reprise plus durable, la majorité a préféré garantir des millions pour la reprise.

Une position que notre groupe refuse. C’est pourquoi nous avons voté non à ces deux objets.

Nous ne nous arrêterons pas là. Nous savons que la population nous soutien et attend nos propositions. Notre députation prépare un bouquet d’interventions. Pour ma part, j’ai présenté la proposition d’interdire les vols domestiques, une interpellation sur le fret aérien et une motion visant à taxer le kérosène.

PS : il reste une divergence entre les deux chambres, le vote final doit encore avoir lieu, mais les majorités étaient claires.