Par Nicolas Walder, conseiller national. Ce texte est paru dans la rubrique Opinion de la Tribune de Genève le 26 novembre 2024. 

Dans une période de tensions aux origines démultipliées, il est temps que cessent les tergiversations nuisibles à nos relations avec l’Union européenne en rappelant que l’avenir de la Suisse est intrinsèquement lié à celui de notre continent. Il est aussi temps d’en finir avec les fantasmes erronés véhiculés par des forces malveillantes qui préfèrent manger dans la main de Vladimir Poutine plutôt que de coopérer avec nos voisins démocratiques.

C’est ainsi que, comme ils le faisaient déjà hier avec les précédents traités, certains prétendent aujourd’hui que les Accords bilatéraux III que nous négocions avec l’Union européenne (UE) menaceraient notre souveraineté. C’est faux! Ni notre démocratie directe ni notre capacité à défendre nos intérêts ne sont en danger, car il n’est nulle part prévu de reprise automatique du droit unifié européen par la Suisse. Quant à l’idée d’une ingérence des juges étrangers, cela relève du mythe.

Au contraire, structurer nos relations avec l’UE, en introduisant notamment une consultation de la Suisse en amont des développements du droit européen et des mécanismes transparents et équilibrés de règlement des différends, renforcera notre sécurité et notre stabilité.

Aujourd’hui, face à 27 États européens unis par des règles communes, la Suisse se trouve en position de faiblesse. Sans accord, nous dépendons, dans nos relations avec nos voisins, du bon vouloir de la Commission européenne, libre d’imposer à notre pays des décisions arbitraires, comme l’exclusion de nos universités et hautes écoles du programme de recherche Horizon Europe en 2021.

Dans ce contexte déséquilibré, seul un accord engageant les deux parties pourra véritablement protéger nos droits et nos intérêts.

Un traité formalisé avec notre principal partenaire économique renforcera également notre libre arbitre face aux pressions des grandes puissances que sont les États-Unis, la Chine et la Russie.

Les exemples ne manquent pas: la fin du secret bancaire imposé unilatéralement par Washington, l’autocensure du Conseil fédéral face aux crimes contre l’humanité commis en Chine – paralysé qu’il est par la crainte de froisser Pékin – ou encore la couardise de la Confédération qui n’ose pas agir contre le nid d’espions russes sévissant à Genève. Ces situations montrent que notre isolement politique actuel ne renforce aucunement notre souveraineté, mais au contraire la fragilise.

Dans un monde à la fois fragmenté et polarisé, la stratégie de repli prônée par l’UDC s’apparente à une impasse. Elle affaiblit notre économie et réduit notre capacité à défendre nos intérêts dans un environnement international de plus en plus instable. Ainsi, l’isolement vis-à-vis de Bruxelles porté comme le Graal par la droite blochérienne nous conduira à une posture de soumission permanente, en particulier vis-à-vis des autocrates violant allègrement le droit international.

Pour pouvoir jouir de notre souveraineté, nous devons impérativement stabiliser nos relations avec nos voisins. Et la voie la plus sûre aujourd’hui pour le faire passe par les Bilatérales III. Un paquet d’accords sur mesure répondant aux besoins de la Suisse du XXIe siècle.