
[Communiqué] Déterminée à saigner les services publics, la droite franchit une nouvelle fois la ligne rouge
La majorité de droite du Grand Conseil n’aura pas attendu longtemps pour remettre sur le métier son projet de démantèlement du service public : les «lois corset» L 12574 et L 12575 viennent de passer la rampe grâce à une large alliance allant de l’UDC à LJS. Les Socialistes et les Vert-e-s dénoncent le franchissement d’une ligne rouge et annoncent le référendum.
Pour mémoire, ces textes, déposés il y a plus de 5 ans, avaient été débattus en plénière du Grand Conseil le 23 novembre 2023, avant que le vote final soit interrompu in extremis par la Conseillère d’État PLR (!) Nathalie Fontanet. 14 mois ne lui auront pas suffi pour faire revenir son groupe à la raison.
Ce délai aura en revanche permis au PLR de faire voter, dans l’intervalle, une baisse d’impôts massive (la plus importante depuis 1999!) à destination d’abord et avant tout des plus riches. Pour donner l’illusion de ne pas trahir immédiatement les promesses faites à la population dans le cadre de cette votation («cette baisse n’aura aucun impact sur les prestations»), la majorité de droite au Grand Conseil a même accepté un dernier budget solidaire – tout en déclarant sans ambages que désormais, «l’État providence, c’est terminé».
Difficile d’être surpris-es bien sûr, lorsque l’on connaît le jeu de pompier pyromane auquel se livrent depuis toujours les partis bourgeois, consistant à assécher les caisses publiques pour mieux privatiser ensuite. L’attaque de ce jour contre le service et la fonction publics est néanmoins inédite par son ampleur et la gravité de ses conséquences pour la collectivité.
Sur le principe, les deux lois votées prévoient respectivement que la croissance des charges soit limitée à l’augmentation démographique (L 12574) et qu’en cas de budget déficitaire, aucun poste ne puisse être créé à l’État (L 12575). Exceptionnellement, une augmentation de 1% des charges, respectivement la création de postes dans une proportion égale à l’augmentation de la population, pourront être admis… à la condition toutefois que les 2/3 du parlement y soient favorables.
Quelques amendements votés lors du second passage en commission ont par ailleurs permis d’assouplir ces règles à la marge (prise en compte du déficit admissible RFFA pour l’année 2027 et exclusion des charges contraintes, liées à des «événements extraordinaires et/ou inattendus» ou résultant de transferts entre collectivités compensés fiscalement en ce qui concerne l’application de la L 12574 ; exclusion des postes non-permanents et de ceux d’enseignant-es pour la L 12575).
Néanmoins, cela relève pour l’essentiel d’un bricolage opportuniste – le choix d’épargner en partie les postes du DIP, passé en mains d’une Conseillère d’Etat PLR, est particulièrement révélateur – et ne change rien au fait que l’adoption d’un tel carcan budgétaire marque le coup d’envoi d’une politique d’austérité froide, implacable et aveugle aux besoins de la population. L’évolution démographique n’étant pas celle des besoins, le refus à peine masqué de tout budget déficitaire annonce inévitablement des coupes massives dans les prestations.
Face à l’augmentation du coût de la vie, loyers et primes maladie en tête, à la stagnation des salaires, à l’accélération de la crise écologique, au vieillissement de la population et à l’instabilité toujours plus forte à l’international, avec une montée inquiétante des extrêmes droites partout sur le globe, nous ne pouvons laisser faire une telle entreprise de démolition du service public.
Plus que jamais l’État doit œuvrer pour l’intérêt général et se placer aux côtés de celles et ceux qui en ont besoin – qu’elles ou ils aient déjà plongé dans le cercle infernal de la précarité, soient sur le point d’y basculer ou peinent «simplement» à boucler leurs fins de mois.
Le PS et les Vert-e-s genevois-es appellent donc toutes les forces progressistes à s’unir derrière le référendum pour mettre en échec ce cynique et dangereux projet dans les urnes. A vos signatures citoyen-nes !
Pour plus d’informations :
- Marjorie de Chastonay, commissaire verte aux finances et rapporteuse de minorité
- Julien Nicolet-dit-Félix, commissaire vert à la commission du personnel de l’État
- Maryam Yunus Ebener, présidente des Vert-e-s GE
- Caroline Marti, commissaire socialiste aux finances et rapporteuse de minorité
- Matthieu Jotterand, chef de groupe socialiste
- Thomas Wenger, président du PS genevois