Dans sa lettre d’information du mois de juin, la Caisse de pension de l’Etat de Genève (CPEG) annonce la publication à venir d’une étude d’empreinte carbone de l’ensemble de ses portefeuilles actions et obligations d’entreprises. Cette démarche consiste à calculer les émissions de CO2 que génèrent l’ensemble des entreprises détenues dans un portefeuille d’actions. La caisse de pension pourra ainsi constater si ses investissements sont compatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique. Elle annonce vouloir prendre des mesures en conséquence.

Il est réjouissant que la CPEG, gérant une fortune de près de 13 milliards de francs, se confronte au bilan carbone de ses portefeuilles. Les nombreux fonds investis dans le secteur des énergies fossiles par nos assurances et caisses de pensions accélèrent de manière extrêmement préoccupante le réchauffement climatique. Une étude récente révèle que le marché suisse des fonds en actions finance des émissions de 52,2 millions de tonnes d’équivalents CO2 à l’étranger, ce qui correspond aux émissions générées par la Suisse en 2013. Le réchauffement étant deux fois plus fort dans l’arc alpin qu’en moyenne mondiale, la Suisse est directement concernée. Outre les risques climatiques que font peser de tels investissements sur la collectivité, ils constituent par ailleurs un énorme risque financier. Lorsqu’un accord contraignant pour limiter le réchauffement climatique sera signé, ces investissements subiront le même sort que les entreprises auxquels ils sont liés : ils perdront toute valeur. Cette dénommée « bulle carbone » risque ainsi d’engloutir une partie de nos retraites.

Dans ce contexte, la CPEG doit agir, et vite. Une fois les résultats sur l’empreinte carbone de ses portefeuilles connue, il est indispensable qu’elle retire ses investissements du secteur fossile ou fortement dépendant de l’énergie fossile, dans les meilleurs délais. Depuis plusieurs années, la CPEG est interpelée dans ce sens par les organisations soussignées. En juin 2016, les délégués du syndicat des services publics (SSP) votaient à une large majorité une résolution demandant le calcul de l’empreinte carbone de la caisse et un désinvestissement aussi rapide que possible. Les Verts genevois déposaient en avril 2017 une motion au Grand Conseil visant le même dessein. Elle sera prochainement traitée en commission des finances. Via sa campagne « retraites sans risques », l’Alliance climatique suisse interpelle également les caisses de pension suisses dans ce sens.