Mesdames les députées, Messieurs les députés, Monsieur le Président du Conseil d’Etat,

Mesdames et Messieurs les conseillers d’Etat,

Je vous remercie pour la confiance témoignée par cette élection à la présidence du Grand Conseil de notre République et canton de Genève et pour l’honneur que vous me faites ainsi. Cet honneur m’engage.

Il m’engage à être le président de toutes et de tous. Il m’engage à présider nos débats avec sérénité et bienveillance.

Il m’engage à vous représenter en toutes circonstances en votre nom en tant que primus inter pares.

Député, c’est toujours avec émotion que je me rends aux séances du Grand Conseil, montant les ruelles de la vieille ville, que nous retrouverons bientôt, ou maintenant les avenues du quartier des Nations, avec émotion parce que je sais que je vais y retrouver les élus de la République, animés toutes et tous, de la même flamme, du même engagement, au service de la population. Avec émotion, parce que c’est une responsabilité grande que de faire vivre la République dans la diversité de nos opinions. Avec émotion mais aussi avec affection pour chacune et chacun.

Le discours du président élu est d’ordinaire un moment joyeux, où, vous vous en souvenez peut-être, il est fait abondamment état de notre fonctionnement, de ses imperfections, de ce qui devrait être amélioré, pour gagner en célérité et en efficacité.

Mes prédécesseurs omettent le fait que nous sommes aussi très souvent d’accord, favorables ou défavorables à l’unanimité, sur un nombre considérable d’objets politiques qui peuvent aussi représenter, ces objets, des investissements considérables que nous décidons ensemble sans disputes inutiles. C’est un fait dont nous devons nous rappeler plus que d’autres alors que sont plus souvent mis en exergue, les débats, conflictuels parfois, longs parfois, longs mais nécessaires tant que la parole demandée est possible.

C’est ainsi et ce n’est pas un mal, c’est la fonction normale d’un parlement, que de débattre, et je ne vous demanderai pas de changer, parce qu’alors nous ne serions plus un parlement, mais aussi parce que ce serait réitérer un vœu pieu émis par tous les anciens présidents dont j’ai écouté les discours. Et nous connaissons le destin des vœux pieux

Le discours du président élu est d’ordinaire un moment joyeux mais il ne peut l’être cette année car nous vivons, nous et notre canton, notre canton et notre pays un moment étrange, qui n’était nulle part prévu :  une pandémie dont l’étendue nous a touché par surprise et a suspendu ou paralysé les activités de secteurs entiers de notre société, l’éducation, les travaux publics et privés, le commerce, les loisirs, alors que le secteur de la santé était submergé par la crise sanitaire. Cette sidération n’a pas épargné le Grand Conseil puisque la situation extraordinaire de nécessité nous fut déclarée par le Conseil d’Etat lors de notre dernière séance le vendredi 13 mars et que nous nous réunissons pour la première fois depuis cette date. Ce genre d’événement est rare et n’a pas d’équivalent dans l’histoire récente de la République depuis 1847.

Dans cette situation exceptionnelle, le Conseil d’Etat a été exemplaire dans la conduite de l’État, dans la crise majeure que nous traversons, il n’a eu de cesse de guider l’action gouvernementale dans l’unique souci de protéger la population et d’atténuer  les effets sociaux et économiques désastreux. Mais également il a été exemplaire dans ses relations avec le Parlement pour garantir la continuité de l’Etat et l’application de mesures urgentes et spéciales. Je remercie le Conseil d’Etat pour son action déterminée en situation extraordinaire. Je vous remercie vous aussi toutes et tous, députés de la Commission législative, de la Commission des Finances et de la Commission des Travaux qui ont accompagné et appuyé l’autorité du Conseil d’Etat depuis début avril, et toutes et tous députés de toutes les commissions qui avez repris vos travaux depuis le 20 avril. Le Parlement a donc toujours été là, mené en votre nom par son président et le bureau, aux côtés du Conseil d’Etat, dans un esprit de fort soutien aux Genevoises et Genevois. Je saisis cette occasion pour remercier notre président sortant, Jean-Marie Voumard qui, dans cette période agitée, a conservé son calme. Vous connaissez son caractère de jurassien bernois et je peux vous assurer qu’il a maintenu le cap du navire Grand Conseil sans dévier d’un seul degré.

La pandémie est toujours une réalité, un virus inconnu il y a 4 mois, est encore inconnu aujourd’hui pour ses conséquences sur la santé à long terme, sur sa contagiosité, sur sa létalité, sur l’immunité qu’il peut susciter ou non. Les scientifiques et les médecins ont beaucoup appris sur cette maladie mais la lutte est encore incertaine. Quels médicaments, quels vaccins, quelles stratégies à développer pour le futur ? Mais ce que nous savons de Genève, particulièrement touchée, c’est que le système de santé n’a pas été débordé au pic de la crise sanitaire et que notre canton était donc riche en infrastructures et personnels pour soigner notre population.

Hier soir à 21h, comme beaucoup de genevoises et de genevois, j’ai applaudi encore, j’ai applaudi bien sûr les soignantes et les soignants de tous ordres, en me rappelant aussi qu’elles sont majoritairement des soignantes, mais aussi les caissières, les personnels des services de voirie, les personnels de police, toutes ces personnes engagées, toujours présentes dans la crise et l’urgence. Elles ont assuré les services essentiels. Elles ont aussi eu peur, et pour certaines, elles ont été touchées dans leur santé. J’ai applaudi aussi les membres du corps enseignant qui ont continué, tant bien que mal, de garder le lien avec leurs élèves. J’ai applaudi les paysans qui ont su faire face et continuer leur labeur qui va nous nourrir cet été et cet automne. Oui, je vous ai applaudi, comme tous les soirs, vous toutes, Genevoise et Genevois, qui avez été solidaires, qui avez observé cette discipline qui a garanti que la santé de tous passait par chacune et chacun. Vous n’avez cédé ni au découragement, ni à l’abattement et vous avez été patients.

Le message du président élu est donc un message optimiste.

La pandémie n’est pas terminée, mais le pire est derrière nous. Nous avons réussi le plus long du chemin alors continuons jusqu’à la disparition de cette maladie. Nous avons collectivement résisté.

Maintenant il faut en tant que parlement que nous accompagnions la sortie de crise par les dispositions propres à panser les plaies sociétales urgentes, nombreuses, et soutenir les plus faibles et les plus fragiles, puisque, comme notre Constitution fédérale nous le rappelle, la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.

Ce premier moment passé, nous devons aussi réfléchir collectivement à ce qui nous est arrivé, pour que la prochaine fois, lors de la prochaine crise, notre société soit plus résistante et plus résiliente, car la prochaine fois est déjà là, la crise climatique dans laquelle nous étions et sommes encore, elle, ne disparaîtra pas avec le virus. Peut-être en est-elle aussi à l’origine. La crise climatique porte en elle d’autres menaces, plus durables, auxquelles nous devons savoir faire face, pour le bien-être et la santé de notre population et des générations futures.

Voilà donc les enjeux qui viennent et qui nous occuperons cette année, Mesdames et Messieurs les députés, je sais que vous serez assidu à trouver les meilleures solutions, lors des débats sereins à venir et je vous en remercie.

 

Vive la République !

Vive Genève!

Vive la Suisse !