Appel à la manifestation contre l’OMC à Genève le samedi 11 juin

Depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995, La Via Campesina n’a cessé de dénoncer les politiques néolibérales et de libre-échange qui détruisent les paysanneries du monde et déstabilisent les systèmes alimentaires locaux. De Seattle à Cancun, de Hong Kong à Buenos Aires, les paysanNexs ont inspiré une grande alliance des peuples contre l’imposition d’un nouvel ordre commercial au service des entreprises transnationales et des milliardaires. Aujourd’hui, iels nous appellent de nouveau à nous opposer à la réunion ministérielle de cette organisation aux politiques criminelles à Genève en juin.

Les mobilisations paysannes et autochtones ont permis de bloquer les négociations. Depuis 2001 et l’accord de Doha, aucun nouvel accord de l’OMC n’a jamais pu être adopté. Cependant, l’accord de Marrakech s’applique : il oblige à ouvrir les marchés aux entreprises transnationales et empêche notamment la mise en place de politiques publiques ambitieuses en faveur des paysanNExs et des autres petitExs producteurTRICExs. De plus, les accords de libre-échange bilatéraux ou régionaux se sont multipliés.

Les politiques néolibérales et d’imposition du libre-échange ont fortement fragilisé les paysanneries du monde entier. Elles poussent les pays à donner la priorité aux cultures d’exportation et à dépendre des importations pour nourrir leur population. Elles accentuent l’accaparement des ressources naturelles par les transnationales, au détriment des paysanNExs et des communautés locales. Elles aggravent le réchauffement climatique en favorisant la monoculture industrielles, la déforestation, la surexploitation des sols et de l’eau ainsi que la perte de biodiversité. La santé des foyers les plus précaires est sévèrement affectée par la perte de qualité de l’alimentation issue de processus industriels et de l’exportation.

Pandémie de Covid-19, événements extrêmes liés au réchauffement climatique, guerre en Ukraine, aujourd’hui le constat est sans appel : faire dépendre l’alimentation et la santé des peuples du commerce international et des entreprises transnationales est irresponsable et criminel. Cela doit cesser. L’OMC doit sortir de l’agriculture ! La souveraineté alimentaire doit être la base des politiques agricoles et alimentaires et les pays doivent mettre en oeuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) ainsi que les directives sur la pêche artisanale.

Le libre-échange est aussi criminel dans d’autres domaines. Désarmant les États, il a imposé le néolibéralisme : démantèlement des services publics, austérité, dettes, délocalisation et surproduction – cette course vers le bas des États a exacerbé les inégalités et démultiplié la misère, au Sud comme au Nord. Les femmes en sont les premières victimes; les migrations forcées, les guerres et les violences endémiques en sont les conséquences. La dérégulation financière attise la spéculation et une succession de crises endémiques, avec en parallèle des régulations totalitaires qui renforcent le « droit » aux bénéfices des transnationales et leurs brevets sur les semences et les médicaments (même en pleine pandémie !).

Nous exigeons des politiques publiques qui favorisent l’accès à la terre et aux ressources agricoles pour les jeunes ainsi que la mise en place de circuits courts.

Dans tous les domaines, la souveraineté des peuples est bafouée par l’OMC.
Solidarité avec la lutte exemplaire de La Via Campesina en défense de la souveraineté alimentaire des peuples !

Premiers signataires : La Via Campesina, Uniterre, Confédération paysanne, ATTAC, Collectif BreakFree, CETIM, SolidaritéS, FIAN Suisse, MAPC, CADTM, PS Genève, Les Vert-e-s genevois-es, UNIA Genève