C’est à une large majorité que les citoyens et citoyennes suisses ont accepté ce dimanche l’instauration d’un congé paternité de 2 semaines. A Genève, ce dernier a été massivement plébiscité avec près de 80% des voix exprimées en faveur de la modification légale proposée. C’est dire si une telle mesure était attendue et répond aux attentes et désirs de la population. Il faut rappeler qu’en la matière, la Suisse est notoirement en retard, notamment par rapport à ses voisins européens qui, pour la quasi-totalité, connaissent un congé paternité (ou parental) depuis de très nombreuses années déjà.

Un pas important pour l’égalité femmes-hommes
Réunies au sein du comité unitaire genevois pour le congé paternité, les forces progressistes saluent une première avancée dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes. Le congé paternité contribue en effet à déconstruire les stéréotypes de genre et permet une répartition plus égalitaire des tâches domestiques. Il permet à la fois aux pères de renforcer leurs relations avec leurs enfants et de s’investir dans leur éducation, et aux mères de renforcer leur position sur le marché du travail. Aujourd’hui encore, l’arrivée d’un enfant signifie pour beaucoup d’entre elles une réduction de leur temps de travail, représentant d’une part une perte de revenus importante et d’autre part, un frein conséquent à la poursuite d’une carrière professionnelle.

… mais qui ne suffit pas
Néanmoins, pour atteindre une réelle égalité dans la répartition des tâches et permettre à toutes et tous de trouver un sain équilibre entre vie professionnelle et familiale, 2 semaines de congé paternité restent largement insuffisantes. Le comité unitaire genevois appelle à faire plus et mieux, et rappelle qu’un projet de loi a été déposé en ce sens il y a 1 an déjà. Ce dernier est à l’heure actuelle toujours en attente de traitement au Grand Conseil.

Pour rappel, ce projet prévoit l’extension à Genève des congés maternité et paternité à 18 semaines chacun. La durée égale des congés est en effet nécessaire pour faire tomber les obstacles que rencontrent les femmes sur le marché du travail en lien avec la maternité. Le projet prévoit en outre de verser aux personnes se situant en dessous d’un certain revenu l’intégralité – ou un pourcentage plus élevé (85%, 90% ou 95%) – de leur gain assuré, là où la loi fédérale n’en garantit que le 80%. Enfin, il est également proposé d’inclure les parents de même sexe dans le dispositif, afin de consacrer une égalité qui elle-aussi se fait attendre.

Genève doit faire plus et mieux, maintenant !
Certains employeurs ont pris les devants et proposent d’ores et déjà à leurs salarié-e-s un congé paternité plus ambitieux (70 jours chez Novartis, 40 chez Ikea, etc.). Dans les administrations publiques, les Villes de Lausanne, Genève, Berne, St-Gall, Lucerne, Bienne, Neuchâtel ou encore Bellinzone octroient un congé paternité de 20 jours à leurs employés.

Sur le plan fédéral, les syndicats se battront pour exiger le doublement des deux semaines acquises aujourd’hui, en proposant un congé de 4 semaines dans les renégociations des Conventions collectives de travail.

Puisque les cantons ont toute latitude pour compléter les allocations fédérales, comme cela est déjà le cas pour la maternité et l’adoption, le comité appelle à passer sans attendre à la vitesse supérieure et à étendre sans délai le dispositif fédéral minimal. Le traitement du projet de loi en suspens en commission doit donc reprendre immédiatement. Notre canton doit saisir l’opportunité d’être à nouveau pionner en matière de politique familiale, comme il a su l’être au moment de l’introduction une d’assurance maternité cantonale en 2001. Cela pour qu’enfin un véritable congé parental devienne une évidence et un droit pour toutes et tous les salarié-e-s.

Comité unitaire genevois Pour un congé paternité maintenant!

Personnes de contact :

  • Parti socialiste : Cyril Mizrahi, député au Grand Conseil, représentant du PS au comité unitaire
  • Les Verts : Pierre Eckert, député au Grand Conseil, chef de groupe
  • Ensemble à gauche : Françoise Nyffeler, députée au Grand Conseil, membre du collectif pour la grève féministe
  • Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) : Fabrice Chaperon, responsable Syna Genève