C’est une première suisse historique qui s’est jouée, cet après-midi, au Grand Conseil du Canton de Genève. En effet, une motion (M 2640 A) déposée par le député Vert, Yves de Matteis, demandant l’interdiction de toutes les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre (parfois appelées « Thérapies de conversion ») a été votée à l’unanimité (moins une abstention) du Grand Conseil.

Cette motion, déposée en mai 2020, a été travaillée et acceptée à l’unanimité de la commission des Droits de l’Homme (une seule abstention). Outre la demande d’interdiction des pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, elle invite le Conseil d’Etat à travailler avec toutes les parties prenantes pour la rédaction du cadre légal, à ne pas faire de distinction entre majeurs et mineurs, ainsi qu’à accompagner les victimes de telles pratiques.

L’auteur de la motion, le député Vert Yves de Matteis, a souligné que la motion, qui demande de prendre contact avec les autorités fédérales, avait également pour vocation de faire étendre cette interdiction à l’ensemble du territoire suisse. Il souligne que le Canton de Vaud devrait être le prochain à légiférer, avec une motion similaire, déposée très récemment.

Consulté lors de l’examen de la motion, M. Adrian Stiefel, chargé de ministère et responsable de l’Antenne LGBTI de l’Eglise protestante de Genève, a souligné la nécessité de définir les thérapies dans la loi et de les interdire, mais également de proposer des espaces de reconstruction identitaire, psychologique et spirituelle et de favoriser l’éducation et la conscientisation à un niveau sociétal et ecclésial.

Alors que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Parlement européen ont appelé les pays à légiférer sur le sujet, le Conseil Fédéral s’était, en Septembre 2019, prononcé contre une inscription de l’interdiction des « Thérapies de conversion » dans la Loi. Si des pays ont légiféré, l’inaction scandaleuse de la Suisse attire des organisations qui peuvent continuer ces pratiques choquantes à l’abri de toutes poursuites pénales.

Pour rappel, en 2018, un médecin ayant pratiqué dans le Canton proposait de « guérir l’Homosexualité ». Dans le Canton de Schwytz en 2019, un psychiatre proposait des thérapies de conversion remboursées par la LAMal (!). En Suisse, plus de 14 000 personnes seraient concernées par des thérapies de conversion. Or, ces pratiques ont des effets dévastateurs sur ces personnes qui souffrent, par la suite, de dépression, de troubles anxieux et de la personnalité, de perte de libido et d’un risque accru de suicide.

La Dre Franceline James, également consultée pour cette motion, spécialiste en ethnopsychiatrie et médecin référent d’une consultation spécialisée destinée aux victimes de sectes, a souligné l’importance des mécanismes d’emprise qui font perdre aux victimes leurs capacités de jugement et de choix individuel. Elle a notamment insisté sur la nécessité de renoncer à distinguer majeurs et mineurs, les adultes susceptibles de se voir proposer une « thérapie de conversion » ayant depuis longtemps déjà ayant été dépossédés de leur capacité de penser par eux-mêmes et de faire des choix personnels par le milieu qui veut les faire changer. »

Le Canton de Genève confirme ainsi son rôle de pionnier en matière de droits LGBTIQ+. En 2001 déjà, Genève avait été le premier canton à disposer d’une loi sur le partenariat enregistré ouvert aux couples de même sexe (LPart-GE). En 2020, c’est une loi incluant la question des discriminations basées sur l’orientation sexuelle et affective, l’identité et l’expression de genre et les caractéristiques sexuelles (PL 12843), également une première en Suisse, qui avait été déposé par la Conseillère d’Etat en charge du dossier, Mme Nathalie Fontanet. 

Les Vert.e.s se félicitent de l’adoption de cette motion qui envoie un message fort de soutien à toute la population LGBTIQ+ et permet de confirmer le rôle de leader du Canton de Genève en la matière. A noter également que les Verts genevois avaient été le premier parti du canton à disposer en son sein d’un groupe de travail LGBTIQ.

Les Vert.e.s continueront, dans le futur, à s’engager contre toutes les formes de discrimination liées à l’orientation sexuelle et affective, l’identité et l’expression de genre et les caractéristiques sexuelles. La candidate Verte au Conseil d’Etat genevois, Mme Fabienne Fischer, a également réaffirmé à de nombreuses reprises son attachement à cette thématique.