Adieu l’ami Pierrot

C’est le coeur lourd que nous t’avons dit un dernier au-revoir mercredi dernier. Tu as tant donné pour le Parti et pour les Genevois et les Genevoises en défendant des projets qui sont au coeur des valeurs vertes comme sauver les Bains des Pâquis ou l’Alhambra. L’hommage appuyé de Robert Cramer lors de tes funérailles témoigne de ton riche parcours qui aura marqué l’histoire de Genève. Baci ami Pierrot

Frédérique Perler et Nicolas Walder

Hommage à Pierre Losio par Robert Cramer

Pierre Losio a adhéré aux Verts le 1er mai 1993, il avait alors 46 ans. Quelques mois plus tard, en février 1994, il entrait au Conseil municipal, à la faveur d’une vacance, choisi par le parti. Il y sera ensuite élu en 1995, réélu en 1999 et en 2003.

Respecté dans l’enceinte municipal, il accède à la présidence de cette assemblée en 2001. Malgré l’attachement qu’il porte au Conseil municipal, son parcours ne s’arrête pas là. En 2005, il est élu au Grand Conseil, réélu en 2009. En 2011, il est élu à la présidence du Grand Conseil et devient ainsi une des rares personnalité de l’histoire genevoise à avoir été successivement premier citoyen de la Ville et premier citoyen du canton.

Que dire de l’engagement politique de Pierre Losio ? A mes yeux, on peut le résumer en un mot : l’intégrité. Pierre m’aimait pas le mensonge, il n’acceptait pas les compromissions, il en souffrait même. « On fait comme on a dit », une de ses phrases favorites qui est loin d’être anodine. Cela signifiait pour lui que l’on est redevable de ses propos et de ses actes et qu’il faut accepter d’en répondre en tout temps. Il n’avait donc aucune sympathie pour les « animateurs de grandes surfaces politiques et ménagères », qu’il se flattait de ne pas fréquenter. Cette intégrité explique largement l’estime que ses pairs lui ont porté. 

Pierre Losio est issu d’une famille politisée. Dans ses discours d’investiture aussi bien lors de son élection à la présidence du Conseil municipal que du Grand Conseil, il a tenu à rendre hommage à la mémoire de son père Germinal qui l’a précédé au Conseil municipal. Germinal ,élu démocratiquement et exclu de cette enceinte le 27 juin 1941 avec 22 de ses camarades. Cet épisode douloureux explique peut-être son aversion pour la complaisance en politique et son adhésion tardive à un parti.

Ses premiers engagements ont été associatifs et culturels, liés au quartier des Pâquis qu’il chérissait. Comme il était non seulement un fin stratège mais aussi un homme rigoureux, il a eu à s’occuper des finances de nombreuses associations, puis celle de notre parti où il a réussi le tour de force de mettre de l’ordre dans les finances de la section Ville de Genève. C’est donc tout naturellement qu’il a été amené à siéger dans la prestigieuse commission des finances, celle de la Ville puis celle du canton, avec un soucis : bien gérer, ne pas consommer plus que les ressources, ce qui est une valeur verte, ne pas laisser de dettes aux prochaines générations.

Cher Pierrot, tu étais un homme ponctuel. Nous t’avons fait souffrir. Les Verts disais-tu « ni à gauche, ni à droite, ni à l’heure ». Je pense cependant qu’il t’aurait été difficile de t’engager ailleurs que dans ce groupe, suffisamment libertaire pour ne pas être dogmatique mais suffisamment rigoureux pour développer des propositions s’engageant sur le long terme. Tu avais le sens de la formule. Tu n’hésitais pas à aller au combat. Combien de fois as-tu dit à nos adversaires politiques « nous répondrons à toutes vos provocations ». 

Un dernier souvenir. C’était la première fois où nous avons été admis officiellement au cortège du 1er mai. Et ce slogan juste et provoquant que tu as improvisé et que nous avons repris : « trari, trara, Les Verts sont là ».

Nous te regretterons mon ami.

Robert Cramer