[Intervention] Crédit d’étude de 11,7 millions pour deux nouvelles patinoires au Trèfle-Blanc
Intervention de François Lefort sur le projet de loi ouvrant un crédit d’étude de 11 700 000 francs, en vue de la construction de la patinoire du Trèfle-Blanc à Lancy (PL 13007 A)
François Lefort
Rapport complet: PL 13007 A
Les aspects énergétiques ayant été traités dans le rapport de minorité (voir rapport de minorité dans le rapport complet ci-dessus), regardons d’autres aspects.
De quoi parlons nous.
D’un projet de patinoire de 8500 places et d’une patinoire secondaire donc deux patinoires
Cela représente 29 000 mètre carrés pour les patinoires et les équipements techniques et administratifs.
Et ce crédit d’étude de 11,7 millions de francs ne vaut que pour cette partie uniquement.
Pour arriver à un coût final de 150 millions pour les patinoires.
Il y aura, en plus, 24 000 mètres de surfaces d’activités en DDP (droit de superficie), projet non couvert par ce crédit d’étude, mais nécessaire pour que la rente des DDP estimées à 3 millions couvre les frais de fonctionnement des patinoires.
Il y aura en plus un P+R de 1200 places qui n’est pas inclus dans ce PL et qui sera financé par la Fondation des parkings.
Ces deux projets rajoutent 127 millions de francs pour arriver à un total de 287 millions de francs.
Tout ceci semble un bon montage financier, comme d’ailleurs l’était le montage du stade de Genève dont on connaît l’issue et le coût pour la collectivité publique.
Cela ressemble donc à un bon montage financier, mais nous sommes prudents car les verts échaudés craignent les bons montages sur le papier.
C’est donc beaucoup plus qu’une patinoire qui nous est proposé et cela semble aussi beaucoup plus cher qu’une patinoire.
En Europe, le coût moyen d’une patinoire répondant aux normes internationales des ligues de hockey est de 8 millions d’euros. La ville de Nîmes a réussi à faire la sienne à 6 millions d’euros avec des tribunes réduites et a développé son projet en coordination avec la fédération française de hockey. En Suisse de nouvelles patinoires sont construites, selon des critères exigeant de développement durable et sur la base de concepts énergétiques neutres en carbone qui ne nous ont pas été présentés par le Conseil d’Etat.
Alors ce crédit d’études va passer la rampe, par l’union sacrée des supporters de la première heure et des supporters de la dernière heure, beaucoup plus nombreux et sous l’influence bénéfique des élections cantonales qui s’approchent.
Il va passer la rampe mais nous, nous allons quand même faire passer quelques messages de la minorité, pour que cet argent, ces 11 millions 700 mille francs ne soient pas jetés en l’air.
Le premier message est que, s’il faut construire des patinoires, il faut les construire de façon écologique et durable. Cela existe et cela se développe depuis plus de dix ans. Il y a un savoir-faire suisse et européen en la matière. Le moment du crédit d’études sera donc de trouver, avec les prestataires expérimentés, la meilleure solution pour une patinoire la moins coûteuse en énergie, en particulier pour aboutir à des patinoires neutres en carbone, seule façon de participer à l’objectif cantonal de réduction de 60% des émission de gaz à effet de serre. Il faudra, en particulier, profiter de la localisation de ces patinoires dans un quartier en forte mutation pour récupérer la chaleur produite par la production de froid.
Le deuxième message est que, pour réussir une patinoire, un projet doit se développer en intégrant, dès le début, les utilisateurs potentiels, le Genève Servette bien sûr, mais aussi la ligue nationale de hockey.
Le troisième message est que les espaces de ces patinoires puissent être utilisés autrement que pour le patinage. Cet aspect ne doit pas se limiter à une proposition séductrice, une sorte de glaçage du gâteau pour le rendre plus appétissant, cet aspect doit être précisément travaillé au moment du crédit d’études et les utilisateurs potentiels autres que les hockeyeurs doivent être identifiés et intégrés au projet, de façon à ne pas se trouver dans des situations tels que l’ascenseur technique de l’ancien théâtre de Carouge qui n’a jamais pu être utilisé.
Le dernier message concerne les aspects énergétiques globaux. Certes, la LRT (Loi sur la répartition des tâches entre les communes et le canton en matière de sport) confie au Conseil d’Etat la construction de cette nouvelle patinoire.
Néanmoins, il subsistera ensuite les deux patinoires des Vernets âgées de 62 ans, obsolètes pour le hockey (selon la ligue nationale de hockey qui accepte de déroger à ses critères jusqu’en 2028 pour le Genève Servette), mais aussi obsolète techniquement et énergivore. Le dernier message est donc de considérer, de concert avec la Ville de Genève, propriétaire, la mutation de cette vieille installation en surfaces de glace synthétique de façon à compenser la consommation d’énergie des deux nouvelles patinoires.