Mesdames et Messieurs les Député-e-s, du PLR au MCG,

Retirez vos lunettes de peur et chaussez celles que vous tendent les Vert-e-s. A travers leurs verres, vous distinguerez, derrière les foules qui peuplent les pages des journaux, derrière les nombres impossibles à appréhender qui sont articulés sur les ondes, une somme d’individus. Une somme d’histoires, de vécus particuliers.

A travers leurs verres, vous constaterez qu’il n’y a pas eux et nous, mais qu’il s’agit d’autant de personnes comme vous et moi. Et ces personnes ne sont pas plus « autres » que votre cousine ou votre voisin. A travers leurs verres, vous réaliserez que, comme tout être humain, elles et ils façonnent des rêves, ont des capacités et des ressources. Elles et ils les ont d’ailleurs soumises à rude épreuve, leurs ressources, puisqu’ils ont traversé des itinéraires semés d’embûches et ont été confrontés à des violences portant atteinte à leur intégrité.

Aussi, comme vous, comme moi, elles et ils vont contribuer à notre société, en y participant. Mais pour qu’elles et ils puissent y participer, il faut leur permettre de s’intégrer. Cessons les calculs d’épicier, c’est un stratagème pour attiser la peur. Il est essentiel de rappeler que les personnes dans le processus d’asile ne représentent qu’un pourcent de la population et ce ne sont pas les 30’000 migrants arrivés cette année qui vont faire basculer ce chiffre.

Le vrai débat, le vrai enjeu, c’est l’intégration. D’ailleurs, l’Organisation pour la coopération et le développement économique l’affirme sans ambages : chaque franc investi dans l’accueil et l’intégration est rapidement récupéré par la contribution de toutes ces personnes à notre société par leurs impôts et, comme l’ensemble de la migration, permet de financer nos services publics et d’assurer des retraites respectables à nos personnes âgées, alors que la population suisse est vieillissante. L’Allemagne ne s’y est pas trompé en brandissant des panneaux de « bienvenue » et Angela Merkel, sensible aux besoins de l’économie, a compris qu’il s’agissait d’autant de personnes qui participeront à la construction et la prospérité du pays, au même titre que les personnes qui ont grandi là-bas.

Intégrer, cela signifie d’abord de leur permettre de se rétablir dans des conditions rassurantes, eux qui ont vécu des expériences éprouvantes. Et pour qu’elles et ils puissent se rétablir, il est indispensable qu’ils aient accès à un logement décent. Les Verts ont déposé deux motions, depuis janvier, pour pallier la situation de flux tendue imposée par M. Blocher lorsqu’il était au Conseil fédéral.

Une vraie intégration passe également par l’apprentissage de la langue. Quand on sait que des Erythréens, qui seront amenés à rester durablement en Suisse, doivent parfois attendre une année pour avoir accès à un cours de français, il y a de quoi s’interroger. Dernier élément : l’accès au travail. Vous le savez, pendant des années il a été interdit aux migrants de travailler. Aujourd’hui encore, les entraves sont grandes.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s, les Verts vous invitent enfin à être cohérents. Alors que l’UE s’apprête à adopter le modèle suisse de répartition des migrants entre les cantons à son échelle, ne le détruisez pas ici. Soyez cohérents aussi, Mesdames et Messieurs du PLR, alors que vos partis viennent d’accepter une Xème révision de la loi sur l’asile.

Mesdames et Messieurs les Député-e-s, les autres ne sont pas un enfer, mais une richesse. Les Vert-e-s refusent de construire notre société sur l’exclusion et la peur, ayons plus d’ambition pour notre avenir.