Pierre Eckert

Texte complet: PL 12871 A

 

Intervention

En novembre 2016, la population genevoise était appelée à se prononcer sur l’initiative « touche pas à mes dimanches ». Les Vert.e.s y étaient largement favorables, tant nous pensons qu’un dimanche peut être consacré à d’autres activités que de se ruer dans les temples de la consommation. Promenades en famille, visites de musée, jouer au frisbee, aller au cinéma, jouer au trivial poursuite, faire un grand tour à vélo, sont quelques exemples d’activités qui sont bien plus utiles à l’épanouissement personnel. J’aurais pu ajouter, aller à la messe ou au culte, mais je ne tiens pas à marcher sur les platebandes du parti du Centre qui se tient à mes côtés.

Les valeurs centrales des Vertes et des Verts restent donc : pas d’ouverture de magasin le dimanche ! Par soucis de compromis, nous avions tout de même apporté une faible voix au contreprojet qui autorisait l’ouverture de 3 dimanches en contrepartie de la mise en place d’une convention collective de travail étendue (ou CTT) étendue pour la branche. Mais nous continuions à privilégier l’initiative. Comme vous la savez, c’est le contreprojet qui a été voté.

Deux ans après, pas de CCT étendue et un projet de loi de la droite qui demande l’ouverture de 3 dimanches sans CCT pour une durée expérimentale de 2 ans. Son bilan est largement tronqué, notamment sur l’aspect qui consiste à savoir si ces ouvertures du dimanche ne favoriseraient pas les grandes surfaces au détriment des petits commerces.

Après ce premier coup de couteau dans la décision populaire de 2016, le Conseil d’État, doté de sa majorité précédente, revient avec un projet de loi encore bien pire. Non seulement, il pérennise l’ouverture possible pendant 3 dimanches (en plus du 31 décembre), sans aucune contrepartie en matière de CTT, mais il ajoute encore une heure d’ouverture le samedi en fin de journée. Il est douteux que cette mesure soit favorable aux consommatrices et aux consommateurs, mais elle constitue surtout une dégradation notable des conditions de travail du personnel de vente, qui va arriver chez lui à 19h30, voire 20h, voire plus tard le samedi après sa semaine de travail. Rappelons aussi que ce personnel de vente est en grande partie féminin, et sur lequel on ferait porter ainsi une discrimination supplémentaire.

Les arguments avancés pour justifier le texte ne tiennent enfin pas pour quelques autres raisons :

  • La mesure devrait relancer la consommation : 1. C’est douteux 2. Les Vertes et les Verts ne sont pas pour une relance par la consommation, pour le bien de la planète.
  • Le PL permettrait de lutter contre la concurrence transfrontalière. Les horaires d’ouverture ne sont de loin pas le premier paramètre qui fait que les genevois vont parfois s’approvisionner en France voisine.
  • Le PL favorise l’ensemble des commerces. Nous en doutons fortement et restons convaincus qu’il favorise les plus grosses enseignes, qui ont la capacité d’organiser des rotations de leur personnel. Ceci est bien plus compliqué pour les plus petits commerces, qui n’auront ni la capacité d’ouvrir le dimanche, ni de prolonger leurs horaires le samedi. Aucune des auditions de la commission n’a pu nous convaincre du contraire.

Pour l’ensemble de ces raisons, nous refuserons avec conviction ce nouveau projet de loi.