Par Delphine Klopfenstein Broggini, députée et candidat.e au Conseil national. Ce texte est paru le 25 août 2019 dans son blog du journal Le Temps. 

Tandis que les forêts brûlent en Amazonie, la terre, elle, brûle aussi. Le GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publiait dernièrement un rapport spécial sur l’impact de l’agriculture et de l’alimentation sur le réchauffement climatique. Les résultats sont accablants : au niveau mondial, l’agriculture est responsable d’un tiers des gaz à effet de serre. Sur une terre qu’on exploite toujours plus, parce qu’on mange toujours plus de viande, parce qu’on utilise toujours plus de pesticides pour augmenter les rendements, parce qu’on importe toujours plus et de toujours plus loin.

Il est urgent de repenser la manière dont on se nourrit ! Cela se joue au niveau des pratiques de chacune et chacun mais aussi des politiques à mener à petite et grande échelle. Jamais nous n’avons produit et consommé autant de viande qu’aujourd’hui. On parle d’une consommation moyenne de 100 kilos de viande par habitant.e et par an dans les pays dits riches, soit une consommation qui a doublé en 50 ans.

En parallèle, le « plan de réduction des pesticides en Suisse » confirme que notre marge de progression pour limiter drastiquement les pesticides est énorme. A Genève, sur 350 exploitations agricoles, seules 10% sont en culture biologique. L’agriculture biologique travaille pourtant en harmonie avec la nature, recherchant l’équilibre optimal entre les plantes, le sol, les animaux, les agricultrices et agriculteurs. Cette agriculture a besoin de notre soutien, en tant que consommateur et consommatrice mais aussi en tant que politique.

Toutefois, les multinationales de l’agrochimie et de l’agroalimentaire sont un obstacle majeur au développement de l’agriculture biologique, locale à taille humaine. Leur domination du marché a entraîné une diminution de la diversité des productions agricoles et de l’innovation. Ce marché mondial s’étend bien sûr jusqu’au Brésil, où la déforestation par incendie, sert les intérêts financiers de l’élevage bovin intensif et de la monoculture de soja.

Il s’agit aujourd’hui de relocaliser notre agriculture, de soutenir nos agricultrices et agriculteurs, car nous avons besoin d’elles et d’eux, d’assurer notre souveraineté alimentaire par des politiques promouvant la sécurité alimentaire et celle des écosystèmes. En Amazonie, la forêt brûle pour les terres agricoles. Mais quand la forêt brûle, la terre, notre terre nourricière, brûle aussi.