Par Nicolas Walder, conseiller national. Ce texte est paru dans son blog de la Tribune de Genève le 12 septembre 2020.

Le texte de l’initiative a comme seul mérite d’être précis: « la libre circulation des personnes cesse d’être en vigueur dans les 12 mois qui suivent l’acceptation de l’initiative par le peuple et les cantons ».

Si cette initiative est acceptée, le Conseil fédéral aura moins d’un an pour obtenir de l’Union européenne (UE) que la dénonciation de l’accord sur la libre circulation des personnes n’entraine pas la fin de la voie bilatérale avec notre premier partenaire commercial (60% du volume d’échanges). Moins d’un an pour convaincre l’UE de ne pas faire usage de la clause guillotine qui viendrait résilier les autres accords du paquet « bilatérales 1 », ce qui porterait préjudice à des domaines aussi cruciaux pour la Suisse que la recherche, l’agriculture, les transports, l’homologation de nos produits exportés ou l’accès élargi aux marchés publics européens.

Autant dire qu’en acceptant cette initiative, le peuple confierait au Conseil fédéral une mission impossible, au moment même où l’UE fait déjà preuve de la plus grande fermeté dans les négociations sur le Brexit avec la Grande-Bretagne.

Mais ne nous voilons pas la face ! Un refus tant espéré du texte le 27 septembre ne signifiera pas que tout va pour le mieux. Cela ne nierait pas que de nombreuses personnes, dans notre pays, ne bénéficient pas de la mondialisation ni de l’ouverture des marchés qui sont de plus en plus ressenties comme des menaces ou des pertes, tant économiques qu’écologiques. A Genève, nous savons parfaitement combien la frontière peut cristalliser les rancœurs d’habitant-e-s qui se sentent laissé-e‑s pour compte au profit de personnes et de produits venus d’ailleurs.

Pourtant, nous le savons, cette initiative ne ferait que concrétiser le rêve de l’UDC d’une Suisse sans protection sociale et recroquevillée sur elle-même. Elle n’apporterait aucune amélioration tangible pour ses habitants.

Bien au contraire, elle ouvrirait la porte à l’incertitude alors que les nombreux défis liés à la crise COVID-19, à l’urgence climatique ou au besoin d’instaurer une justice sociale et une économie responsable, devraient nous imposer d’y consacrer toute notre énergie en intensifiant les collaborations, en particulier avec nos voisins européens.

Oui, l’isolement est contre-productif parce qu’il renforce les inégalités et nous empêche de construire des solutions efficaces qui répondent aux défis sociaux, climatiques et économiques.

L’isolement sera donc bien au cœur de cette votation le 27 septembre. Refusons-le en disant clairement NON à cette initiative !