Valentin Dujoux

Le 16 juin dernier, le nouveau magistrat en charge des espaces verts informait de l’urgence de couper 29 arbres en Ville. Une situation malheureusement héritée, dont il faut combattre les maux à la racine. Les arbres en Ville de Genève, parlons-en.

Une question de bon sens

L’information est sortie ce mardi 16 juin de manière volontaire : 29 arbres, répartis sur tout le territoire municipal doivent être coupés. La raison est simple, après une étude approfondie de plus de 800 spécimens, ces 29 sont en trop mauvais état. C’est un triste constat : éléments vivants, nos arbres peuvent tomber malade et nécessitent parfois, et à contre cœur, une telle intervention.

Dans le contexte émotionnel que l’on connait, cette décision est regrettée, à juste titre. Il convient néanmoins de faire preuve de bons sens. Ces interventions ne sont ni cosmétiques, ni superflues : elles visent à assurer la sécurité des habitant.e.s des quartiers concernés et de toutes celles et ceux qui circulent à proximité.

Arrêtons-donc de crier à la trahison. Ici, le seul comportement qui doit être salué est la responsabilité. Celle de la Ville de Genève, qui s’assure de la sécurité des personnes circulant sur son territoire et qui le fait, maintenant, en toute transparence.

Comprendre et agir en conséquence

Derrière les réactions, il nous faut maintenant de la compréhension. A ce titre, la Ville de Genève organise trois visites explicatives, sur sites, ce lundi 22 juin. Il nous faut donc poursuivre cette recherche de transparence. Cette situation n’est pas le fait de hasards, mais de maux connus qu’il nous faut combattre à la racine.

D’abord, l’évolution de ces arbres en milieu urbain est compliquée et amène inévitablement à leur dépérissement. Si l’on veut renforcer la place des arbres en Ville, et des espaces verts de manière générale, il nous faut repenser l’espace public et limiter l’emprise du béton. Des sols imperméables et usés par le passage de véhicules lourds ne peuvent pas permettre un développement sain.

Ensuite, et c’est là le nœud du problème, le réchauffement climatique participe grandement à la fragilisation accélérée, et accentuée, de ces espèces. Les fortes chaleurs, le manque d’eau et l’apparition de nouveaux parasites sont autant de facteurs qui nous amènent à ce triste spectacle. Réagir ne suffit plus, il nous faut maintenant anticiper ces défis et y apporter des réponses pérennes.

Des actions profondes

Pour aller de l’avant, le changement doit donc se faire en profondeur en repensant la Ville. Au passage, j’ai une pensée particulière pour celles et ceux qui défendent un énième parking souterrain en centre-ville, tout en nous promettant un magnifique espace piéton ombragé à Rive. L’enjeu, si l’on veut amener et faire prospérer la nature en ville, est de faire des choix courageux et cohérents pour qu’elle puisse se développer dans les meilleures conditions. La plantation d’arbres sur un parking souterrain laisse donc à désirer.

Alors que l’urgence est là, la Ville ne pourra pas agir seule sur cette problématique. Mais elle peut y faire sa part. Et le nouveau magistrat est clair là-dessus : toute intervention sera compensée par trois plantations avec l’objectif, d’ici 2030, d’augmenter la couverture arborée du territoire municipal de 21% à 30%. Les nouveaux arbres plantés seront aussi plus résistants aux pollutions et à l’évolution du climat. Car c’est maintenant que se construit notre espace vert des prochaines décennies. Décennies dans lesquelles il sera impératif de bénéficier d’îlots de fraîcheur.

Oui, ces projets sont ambitieux et amèneront à faire des arbitrages. Nous ne pouvons pas construire un lieu de vie de qualité en laissant s’affaiblir nos arbres sur le bord de la chaussée. Et la population à un rôle à jouer. En Ville de Genève, en votant NON au parking des Clés-de-Rive lorsqu’il passera en votation, et en signant l’initiative municipale « Pour un centre-ville vivant, piéton et végétalisé ». Au niveau cantonal, en soutenant la suppression de 4’000 places de stationnement le 27 septembre prochain.

Les arbres en Ville de Genève, oui, parlons-en. Ce débat émotionnel doit être apaisé et passera par une nouvelle confiance basée sur la transparence et le soutien populaire. La place que nous sommes prêt.e.s à accorder aux arbres n’est pas que symbolique, elle traduira aussi notre engagement pour un espace public de qualité.