Par Isabelle Pasquier-Eichenberger, conseillère nationale. Cette tribune libre fait suite à la communication du Conseil d’Etat 11 mai 2020 sur le transport du chlore. .

En réponse à notre motion « pour une estimation plus juste des coûts induits par le transport du chlore », le Conseil d’Etat a communiqué hier les conséquences qu’auraient la libération accidentelle de chlore. Les accidents simulés pourraient provoquer de 100 à 300 morts, entre 1000 et 3000 blessés ainsi que l’évacuation de plusieurs milliers de personnes. Pour rappel, le chlore est létal dans un rayon de près de 2 kilomètres.

« Les dommages matériels, y compris les pertes économiques, se chiffreraient en plusieurs dizaines de millions de francs » indique-t-il, sans compter les frais d’intervention, la prise en charge des victimes et la remise en état des infrastructures et l’impact sur l’environnement. Le Conseil d’Etat indique que « la Confédération les estime néanmoins à hauteur de 250 millions à un milliard de francs ».

« Des transports de chlore plus sûrs …. des objectifs atteints…entraînant un affaiblissement de la pression publique en faveur d’une production locale ». Ce sont ces propos tenus dans le rapport publié en février 2019 par la Confédération qui m’ont fait réagir. Des années que les Vert.e.s romand.e.s dénoncent les risques inacceptables engendrés par le transport du chlore à travers notre région. Alors que le transport représente un risque majeur pour la population, ces propos de la Confédération sont inacceptables. 

En effet, chaque semaine, un train chargé de chlore traverse la métropole lémanique. Il arrive depuis la France, change de locomotive à Cornavin pour suivre sa route jusqu’à Monthey et Viège. Le parcours a été revu, la vitesse réduite. Mais ce sont près de 20’000 tonnes qui ont traversé Genève en 2018. Alors que Bâle produit son chlore sur place, l’industrie valaisanne a cessé de le faire il y a quinze ans. Le rapport de la Confédération indique que sa production sur place coûterait 3,4 fois plus cher. Une option qu’elle juge non réaliste. Précisons encore que le chlore bénéficie de droits de douane nuls à l’importation et que la Confédération a renoncé à imposer la suppression d’obstacles le long des voies qui aurait renchéri le prix de l’importation.

A la session d’été, nous voterons sur la motion visant à rendre obligatoire l’utilisation de wagons sécurisés pour le transport de chlore. L’industrie a appelé à voter contre. Elle ne veut ni contraintes, ni contrôles. Cette motion a été adoptée de justesse en commission, mais au Parlement, c’est loin d’être gagné. Ce rapport tombe à point nommé, il me permettra de rétablir les faits sur les vrais coûts de ce transport. A suivre le 10 juin.