Discours d’Ueli Leuenberger, ancien Conseiller national, ancien Président des Verts suisses

Nous sommes le 10 décembre, journée internationale des droits de l’Homme. Ces droits fondamentaux fixés dans la déclaration universelle de 1948 sont violés d’une manière grave dans de nombreux pays sur notre planète. Avant de parler de la Turquie, j’ai une pensée particulière pour l’horreur qui continue à Alep et dans d’autres endroits de la région, en criant haut et fort que l’horreur doit cesser immédiatement.

Nous sommes rassemblés aujourd’hui en solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent contre la dictature et pour le rétablissement de la démocratie en Turquie.

D’autres intervenants vont parler plus en détail de l’inventaire des violations des droits de l’Homme, des horreurs envers les démocrates, peu importe s’ils appartiennent à des minorités ou non. Dans la Turquie d’aujourd’hui, dans la Turquie du dictateur Erdogan, on fait la chasse aux femmes, hommes, associations, organisations  et partis politiques  qui s’appuient dans leur engagement sur les droits universels des droits de l’Homme. On enferme, on torture, on ferme des rédactions et enferme les journalistes, on enferme des député-e-s démocratiquement élu-e-s par le peuple. C’est ça la réalité du pays qui est candidat pour devenir membre de l’Union Européenne.

J’appelle à la mobilisation de toutes les forces démocratiques en Suisse, à une mobilisation au côté et avec nos concitoyennes et concitoyens originaires de Turquie qui vivent et travaillent chez nous, pour que le Conseil fédéral prenne enfin clairement position, et condamne  vigoureusement les violations des droits de l’Homme, et exigea l’arrêt de la répression et le respect des droits démocratiques et des droits de l’Homme.

Pour le Conseil fédéral et certains milieux politiques, les intérêts économiques de certaines entreprises suisses pèsent malheureusement depuis longtemps plus lourdement que les droits de l’Homme. Depuis des années, le Conseil fédéral, comme de nombreux  autres gouvernements européens, fait  des courbettes et reste silencieux devant les dirigeants turcs quand il s’agit des droits des Kurdes et des Arméniens. Tout cela pour ne pas les hérisser semble-t-il !  La Suisse, siège de l’ONU, du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme et garante de la Convention de Genève, doit enfin assumer ses responsabilités face à la Turquie !

Le Conseil fédéral dit souhaiter le dialogue avec la Turquie, dit être préoccupé etc. etc.

Quel dialogue? De la part du gouvernement turc, il n’y a pas la moindre  volonté de dialogue détectable. Que le Conseil fédéral dise enfin clairement qu’il exige la libération de tous les élu-e-s – nationaux et locaux – et le rétablissement  dans leurs fonctions de ces derniers-ères,  le respect de la séparation des pouvoirs et de tous les droits démocratiques ainsi que l’interdiction de la torture.

Une attitude claire et ferme de la part du gouvernement et aussi de notre part, représentant-e-s d’organisations politiques, syndicales, humanitaires est d’autant plus urgent vis-à-vis de la communauté turque chez nous. Je suis inquiet de voir, à quel point de nombreux travailleurs d’origine turcs vivant chez nous se laissent empoisonner par la propagande d’Erdogan et de ses agents.

Les droits de l’homme ne sont pas à géométrie variable. Ils sont valables pour toutes les femmes et pour tous les hommes. Ici, en Turquie, et partout dans le monde !