Par Didier Bonny, co-président des Verts Ville de Genève et candidat au Conseil National. Texte paru dans son blog de la Tribune de Genève le 30 août 2019. 

La décision était très attendue. La Commission des affaires juridiques du Conseil national allait-elle voter en faveur d’un projet de mariage civil pour toutes et tous égalitaire ou au rabais?

Et bien, malgré le fait que lors de la consultation 97 des participants sur 154 ait approuvé la variante prévoyant le recours au don de sperme, il s’est trouvé 13 commissaires contre 12 à voter en faveur d’un mariage qui n’intègre pas la possibilité de recourir au don de sperme. Ils estiment que « cela empêcherait le projet de trouver une majorité », démontrant, une fois de plus, que les partis de droite ne sont pas en phase avec la société civile, comme cela a été mis en avant dans le communiqué de presse des associations LGBT+ (cf. ci-dessous).

Gageons que les électrices et électeurs qui sont en faveur de l’égalité des droits pour toutes et tous sauront en tirer les conséquences qui s’imposent lors des élections fédérales du 20 octobre en élisant des candidates et candidats qui feront pencher la balance dans le bon sens lors du vote au Conseil national qui aura lieu après lesdites élections. Avec un vote si serré en commission, tout espoir n’est donc pas perdu!

Communiqué de presse du 30 août 2019 des associations LGBT+ suisses

La CAJ-N est contre un mariage égalitaire pour les personnes homosexuelles

La commission des affaires juridiques du Conseil national (CAJ-N) s’est ce matin exprimée, à une large majorité, en faveur du “mariage pour tous”. La CAJ-N ne veut toutefois pas accorder les mêmes droits aux couples de même sexe qu’aux personnes hétérosexuelles. Cette décision choque les associations LGBT+ qui militent pour l’ouverture d’un mariage civil qui contient les mêmes droits et devoirs que les couples hétérosexuels.

La CAJ-N devait aujourd’hui prendre la décision d’ouvrir le mariage civil aux couples de même sexe. Bien qu’elle ait voté en faveur de l’ouverture du mariage, celui-ci ne comprendra pas les mêmes droits et devoirs que celui des couples hétérosexuels.

« Les enfants des couples de même sexe ne devraient, ainsi, toujours pas avoir accès aux mêmes droits que les enfants de couples hétérosexuels. Devoir procéder à des absurdités administratives, longues et onéreuses qui mettent le bien supérieur de l’enfant en danger en cas de décès ou divorce du parent biologique est tout simplement scandaleux. » s’offusque Muriel Waeger, Directrice romande de Pink Cross et de la LOS.

Bien que beaucoup de partis se soient positionnés pour une ouverture complète du mariage civil pour toutes et tous, une majorité de la commission, probablement composée de membres du PDC, de l’UDC et du PBD, partis qui n’ont pas donné un préavis favorable lors de la consultation, estime que l’ouverture doit se faire en plusieurs étapes. En d’autres termes, les couples de femmes devront attendre 20 ans de plus pour avoir les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles.

« Les premières réponses positives des organisations civiles, notamment des femmes catholiques suisses et de Pro Familia étaient très réjouissantes, et allaient dans le sens d’une ouverture complète du mariage civil, mais les membres de la CAJ-N sont plus lents à la détente. Ils n’ont apparemment pas compris que ce n’est pas uniquement une question d’égalité, mais par dessus tout de protection des enfants. Être en faveur de l’égalité, c’est mettre sur un pied d’égalité tous les couples, y compris pour la PMA » s’énerve Didier Bonny, co-président de la Fédération romande des associations LGBT+.

Muriel Waeger, Directrice romande de Pink Cross et de la LOS ajoute : « La majorité de la commission des affaires juridiques du Conseil national n’est plus en phase avec la société civile. Nous encourageons les citoyens et citoyennes à aller voter en octobre. Il faut que le Conseil national soit à nouveau une représentation du peuple et qu’il prenne les positions de la société civile au sérieux. Les adaptations nécessaires doivent être faites dans la loi afin que l’ouverture du mariage civil soit égalitaire !”