Philippe de Rougemont

Motion déposée par Philippe de Rougemont en juin 2022

Texte complet: M 2851

Exposé des motifs:

L’embargo européen sur les importations de pétrole et de gaz en
provenance de Russie font peser une menace de pénurie aussi en Suisse et
annonce une augmentation continue des tarifs.

La période de lutte contre la pandémie du covid a montré que l’on a pu
agir efficacement dans l’urgence moyennant une motivation forte.

Porter un pull en hiver à l’intérieur permet de réduire le thermostat et
d’économiser 10% de combustible importé.

Le recours à des mesures de sobriété (modification des réglages des
thermostats et de l’habillement) comprises dans cette motion a l’avantage de
déployer des effets rapides sur la consommation, à coût quasi nul. Cela ne
remplace pas les investissements dans l’efficacité énergétique tels que les
rénovations de l’enveloppe des bâtiments, ou l’investissement dans le
remplacement des chaudières à combustibles par des sources renouvelables
captées localement. Ces mesures-là gardent toute leur pertinence, mais elles
ne déploieront pas d’effets significatifs pendant la prochaine période de
chauffe 2022-2023.

Les mesures de sobriété apportées par cette motion sont à considérer
comme un bouclier contre la hausse des tarifs ; une sécurisation des
chauffages et un investissement dans la sécurité collective par une neutralité
rendue active, pour peser sur la fin de l’agression russe en Ukraine.

L’urgence énergétique était déjà valable avant la guerre d’invasion de
l’Ukraine, elle était valable pour des raisons climatiques et de qualité de l’air.
Aujourd’hui, l’importance stratégique de réduire nos importations de
combustibles est encore renforcée, puisque réduire la dépendance aux
énergies fossiles devient un outil de sécurité continentale. La Suisse est
dépendante à 100% de l’étranger pour ses importations de gaz et de mazout,
et 35% de son approvisionnement en gaz vient de Russie.

La guerre en Ukraine est un désastre économique pour l’Europe venant
juste après la pandémie, avec notamment l’augmentation des prix de
l’énergie pour les ménages et les entreprises. Cette guerre a engendré la pire
crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale avec bientôt 5 millions de personnes qui se sont réfugiées en Europe1. En 2021, l’UE a envoyé à la
Russie 99 milliards d’euros pour des livraisons de pétrole et de gaz russes,
soit 62% des échanges commerciaux avec la Russie2. La diminution de la
consommation de gaz et de mazout russes impacterait fortement le
financement russe de la guerre en Ukraine.

La motion 2528 « Température des bâtiments. Vivons mieux et
consciemment, sans gaspiller l’énergie ! » et sa réponse de la part du Conseil
d’Etat ont trouvé une nouvelle actualité et une importance renforcée depuis
l’invasion de l’Ukraine, spécifiquement concernant les combustibles importés
de Russie. Le Conseil d’Etat trouvera dans cette motion, dans le rapport de
commission et dans sa propre réponse des éléments sur lesquels s’appuyer
pour une mise en oeuvre avec toute la résolution dictée par la situation
climatique et géopolitique.