Au Kurdistan, en Turquie et dans plusieurs pays européens – dont la Suisse – des milliers de kurdes ont entamé une grève de la faim pour exiger la libération des prisonnier-ère-s politiques en Turquie et un véritable processus de paix de la part du gouvernement turc. Il est urgent que les autorités cantonales et fédérales prennent position en faveur des droits démocratiques en Turquie. Pour l’heure le Conseil d’Etat genevois est resté silencieux, refusant même le droit de se rassembler sur la Place des Nations à la communauté kurde.

A Genève, une personne est en grève de la faim depuis le 20 février. Avant cela, Leyla Güven, députée HDP incarcérée en Turquie, avait fait de même. En grève de la faim depuis le 7 novembre, elle a été relâchée en janvier. Le 16 décembre, 331 prisonnier-ère-s politiques kurdes ont également débuté une grève de la faim. Ils ont été rejoints par près de 7000 prisonnier-ère-s, kurdes ou non, le 1er mars. Entre-temps, des centaines de personnes ont entrepris des mesures similaires en Irak, Ecosse, Pays-Bas, France, Autriche, Suisse ou encore Belgique.

L’ampleur du mouvement et la durée de ces grèves de la faim témoignent de la situation dramatique du peuple kurde, qui subit une répression féroce en Turquie (sans parler de l’Irak, de l’Iran ou de la Syrie) et est victime d’une agression militaire dans la province d’Afrin. Le régime d’Erdogan poursuit sa dérive autoritaire. La censure, l’incarcération des opposant-e-s et les agressions militaires sont devenues monnaie courante au Kurdistan. Plus largement, c’est toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique de l’AKP qui sont victimes de la répression, notamment les membres du HDP, dont le co-président Selahattin Demirtas est actuellement en prison.

Devant ces agressions systématiques, le bafouement des droits humains et démocratiques élémentaires, la communauté internationale ne peut pas rester muette. Il est urgent de prendre clairement position en faveur du droit des kurdes à l’autodétermination et de la libération des prisonniers politiques. De par son engagement historique en faveur des droits humains, le Canton de Genève a le devoir de se positionner. Jusqu’ici, il a au contraire choisi le silence complice, refusant même le droit à se rassembler sur la Place des Nations à la communauté kurde.

C’est dans cette optique qu’EàG, le PS et les Verts ont écrit une résolution qui sera déposée prochainement afin d’être votée lors de la session d’avril. Le conseiller national Carlo Sommaruga a de son côté déposé une interpellation au DFAE. Il nous semble aujourd’hui urgent que les autorités cantonales et fédérales se mobilisent pour défendre les droits fondamentaux des minorités et les droits démocratiques en Turquie. Les dernières élections ont affaibli le gouvernement turc et il faut agir rapidement pour soutenir les forces démocratiques.

Personnes de contact

Ramazan Baytar – membre de la communauté kurde à Genève
Jean Burgermeister – député (EàG) au Grand Conseil
Caroline Marti – députée (PS) au Grand Conseil
Jean Rossiaud – député (Verts) au Grand Conseil
Carlo Sommaruga –  Conseiller national (PS)