Par Emilie Fernandez, co-responsable du GT Egalité

« Les femmes réclament l’égalité, elles doivent assumer ! » Non, cette réforme de va pas dans le sens de l’égalité hommes-femmes. Les inégalités sont systémiques et cette réforme ne fait que les creuser. Selon l’OFS, en 2018, les femmes représentaient 60% des salaires en-dessous de 4’000 francs et dans 81% des cas, les salaires de plus de 16’000 francs étaient touchés par des hommes. Derrière les chiffres, une réalité : + de temps consacré aux enfants et au travail domestique, des petits taux d’activité, des emplois précaires… autant de facteurs qui impactent la prévoyance professionnelle et il en résulte que la rente vieillesse globale moyenne perçue par les femmes en Suisse est inférieure de 37% à celle perçue par les hommes. Travailler une année de plus ne changera rien à cette situation, en revanche la réforme incite l’ensemble des travailleurs et travailleuses à poursuivre leur activité au-delà de 65 ans, et ce n’est un progrès pour personne.

« Mais il faut bien sauver l’AVS ! » La problématique est claire, les cotisations actuelles financent les rentes actuelles et cet équilibre est menacé par les changements démographiques : moins de naissances et accroissement de la durée de vie. L’AVS est-il vraiment en danger ? De gauche à droite, tous les scénarios sont envisagés. Selon l’OFAS, à fin 2021, la fortune de l’AVS se montait à 49,7 milliards de francs, ce qui correspond à 105,8% des dépenses d’une année. Les comptes 2021 de l’AVS se sont soldés par un excédent de quelque 2,6 milliards de francs.

Si une réforme est nécessaire, elle doit corriger les vraies injustices et se concentrer sur l’augmentation des bas salaires, la lutte contre le travail non déclaré, la valorisation du travail du care, et la lutte contre la discrimination salariale des femmes. Ce sont aussi des solutions pour augmenter les cotisations ; selon TravailSuisse, l’égalité salariale augmenterait les rentes de 825 millions. L’augmentation de l’âge de la retraite est une fausse solution qui répercute des charges sur l’assurance chômage soit pour les aîné-e-s qui trouvent déjà difficilement un emploi, soit chez les jeunes dont les emplois seront occupés par des aîné-e-s.

Le peuple a déjà dit non 2x à cette solution, le Conseil Fédéral doit respecter cette position et revoir sa copie. D’autres options sont envisageables : hausse des cotisations paritaires, utilisation des bénéfices de la BNS, taxation des dividendes. Les idées ne manquent pas !

NON à une réforme injuste et honteuse ! Bon courage pour cette mission !

Féministement vôtres,

Emilie, pour le GT Egalité.

PS : Merci à Isabelle Pasquier-Eichenberger et Julien Nicolet-dit-Félix pour leurs présentations qui ont inspiré cet édito.