Pau Laurence Corpataux, Conseillère municipale en Ville de Genève et candidate au Grand Conseil

A la suite de l’exigence du Canton de supprimer la tolérance communale de la gratuité en matière de collecte des déchets urbains des entreprises au 1er janvier 2018, la Ville de Genève a mis en place un règlement sur la gestion de gestion des déchets aberrant. Sa mise en application au 1er avril entrainera des absurdités et des nuisances pour la population et dissuadera un certain nombre des entreprises de trier leurs déchets.

S’il est important de soutenir le principe du pollueur-payeur et le développement du tri sélectif, leur mise en application ne doit pas se faire au détriment de la population, des entreprises et des entités d’utilité publique. Elle ne doit pas affaiblir le service public. Malheureusement, c’est le cas de la solution d’externalisation déployée par le département de l’environnement urbain et de la sécurité.

Pour la population, elle a pour conséquence une augmentation des nuisances liées à la pollution sonore et de l’air engendrées par le passage au même moment, dans la même rue des camions de chacune de 8 entreprises de levées des ordures privées et de la voirie. La levée des déchets se faisant par type de déchets, je vous laisse imaginer l’impact sur le quotidien de la population et l’ampleur du blocage du trafic.

En mettant à mal la protection de l’être humain, la prévention des atteintes nuisibles et incommandantes, et par la même la lutte contre toute forme de pollution, ce règlement ne respecte ni la Constitution fédérale ni la Constitution genevoise.

La fin de la gratuité de la levée des déchets engendre une charge financière supplémentaire qui peut en étrangler un certain nombre d’entreprises. Elle peut amener une ou plusieurs des 516 associations et des 172 fondations d’utilité publique touchées à supprimer des prestations essentielles à la population, dont notamment l’aide aux proches aidants ou aux plus vulnérables. Une des conséquences directe serait une hausse des demandes de subvention d’un total de 250’000 francs.

Cette situation équivaut à un affaiblissement du service public sans pour autant inciter à un meilleur recyclage des déchets, bien au contraire ! Lorsqu’une entreprise n’a pas l’espace suffisant pour stocker les 6 containers trier, le risque d’une action de tri « 3 en 1 » est grand. Cela va donc à l’encontre du but d’augmenter du tri le taux de recyclage du Canton.

La directive cantonale est claire : le dispositif doit être aussi incitatif et juste que possible tout en restant simple, pratique et proportionnée. Des communes, telle que Carouge y arrive, Genève doit y arriver.

Afin d’en éviter les effets pervers, le Conseil municipal a exigé à l’unanimité une suspension provisoire de la mise en application de ce règlement, le temps de trouver, en collaboration les parties prenantes, pour mettre en place, un système cohérent, réaliste et réalisable en terme écologique, logistique et économique afin de favoriser le tri sélectif tout en prévenant les nuisances environnementales.

Pour finir, par son vote et par l’acception des deux motions liées qui demandent le maintien de l’utilisation des écopoints par les entreprises qui produisent peu de déchets ainsi que l’exonération partielle des entités à but non lucratif, le Conseil municipal signifie son large soutien au Conseil administratif pour discuter avec le Canton afin de faire évoluer ses exigences.