[M] pour l’introduction et la généralisation de l’usage de nouveaux indicateurs de qualité de vie et de prospérité
Julien Nicolet-dit-Félix
Motion déposée par Julien Nicolet-dit-Félix en août 2025
Texte complet: M 3141
Exposé de la question:
Pour diriger un navire, il faut avoir une bonne boussole et, en matière économique, bien souvent, le seul indicateur utilisé est le produit intérieur brut (PIB). Qu’il s’agisse de santé économique, de croissance ou même de qualité de vie, la plupart des commentateurs et analystes se contentent le plus souvent de considérer ce seul indicateur.
Pourtant, depuis des décennies, nombre d’analystes et de voix issues du milieu académique font la démonstration des faiblesses du PIB : celui-ci ne mesure de fait que des quantités de biens et services vendus, sans renseigner sur les conséquences (ou les causes) sociales et environnementales de ces transactions et, bien entendu, sans inclure les tâches domestiques et bénévoles, qui, pourtant, sont un ciment de notre société.
Ainsi, paradoxalement, un carrefour accidentogène ou des conditions de voisinage dégradées vont contribuer à faire augmenter le PIB de notre canton (frais de réparation, de santé, de médiation, de justice…) alors que garder l’enfant de ses voisins, échanger des livres ou animer gratuitement une chorale de quartier contribuent à le faire stagner, voire diminuer.
C’est pour cela que bien des gouvernements ont décidé de produire des indicateurs plus complets de santé économique et, surtout, de les utiliser comme guides dans les décisions macro-économiques qui leur incombent.
Ainsi, en 2019 la Nouvelle-Zélande a attiré l’attention internationale en lançant le premier budget de bien-être du pays, qui s’engage à placer le bien-être des personnes et l’environnement au cœur de ses politiques. Ce budget utilise des indicateurs sociaux et environnementaux, ainsi que des indicateurs économiques et fiscaux, afin de guider les décisions d’investissement et de financement du gouvernement. Le budget comporte de nombreuses priorités, notamment l’amélioration de l’emploi, la lutte en faveur de la santé mentale, l’amélioration du bien-être des enfants, le soutien aux populations marginalisées et la promotion d’une économie durable sur le plan environnemental.
La France également publie, depuis 2021, un « budget vert »[1] qui évalue les effets sur l’environnement des choix budgétaires du pays.
A l’échelle supra-nationale, l’OCDE recommande également de « dépasser le PIB » et de mesurer les impacts des choix économiques des Etats sur le bien-être des populations[2]. Cette institution a publié plusieurs rapports présentant les choix en la matière de différents Etats.
Au Québec, c’est même la Chambre de commerce et d’industrie qui a pris en charge la publication périodique d’indicateurs alternatifs et complémentaires au PIB, permettant d’évaluer les effets sociaux et environnementaux des politiques économiques[3].
Genève, en tant que canton le plus dynamique d’un des pays les plus riches du monde, ne peut se permettre d’ignorer les effets de ses choix économiques de ses autorités. Il doit, comme tant d’autres entités publiques, se doter d’un outil statistique simple, accessible et popularisé, permettant simultanément aux autorités d’orienter leurs choix et à la population d’en mesurer les progrès (et les éventuels échecs).
[1] https://www.budget.gouv.fr/reperes/budget_vert/articles/5eme-edition-budget-vert-plf
[2] https://www.oecd.org/fr/themes/bien-etre-au-dela-du-pib.html
[3] https://cciquebec.ca/indice-de-performance-socio-economique/