Les Vert·e·s genevois·e·s ont présenté aujourd’hui une étude scientifique réalisée par l’ONG Noé21 qui doit ouvrir un débat nécessaire sur l’avenir de l’aéroport de Genève (AIG) et son impact sur la santé et la préservation du climat. Cette étude sera transmise au Conseil d’Etat dans la perspective d’une planification cohérente pour l’aéroport qui soit compatible avec les enjeux du 21ème siècle. L’occasion pour les Vert·e·s d’affirmer leurs revendications, à l’heure où une aide publique privilégiée est sur la table du Grand Conseil. Le parti pose des conditions strictes à l’aide financière privilégiée en faveur de l’AIG. Si des fonds publics sont engagés, ce doit être pour accompagner l’aéroport dans sa transition. Un cadre qui doit aussi être fixé dans la mise en œuvre de l’IN 163.

L’ONG Noé21, spécialiste des questions énergétiques, a été mandatée par les Vert·e·s pour élaborer un rapport scientifique pour répondre à la question : quel trafic aérien est possible dans le cadre des objectifs climatiques fixés par le Canton? Noé21 a évalué les émissions de carbone de l’aéroport de Genève (AIG) d’après plusieurs scénarios de développement. Les résultats de l’étude montrent que, pour rendre le trafic aérien compatible avec les objectifs climatiques, une stratégie qui vise conjointement à faire baisser la demande en trafic aérien en l’orientant vers les destinations stratégiques pour la Genève internationale et économique et à la rediriger vers le train lorsque les distances le permettent, est nécessaire. Le scénario 1 dit « PSIA », à savoir le développement prévu avant la Covid-19, implique des émissions près de cinq fois supérieures aux objectifs climatiques ! A l’inverse, le scénario 5 dit « essentiel » parviendrait à répondre à l’urgence climatique en ramenant le nombre de passagers·ères à 3.2 millions par année, notamment via un transfert modal conséquent. Les modélisations présentées dans ce rapport permettent de se confronter aux conséquences des choix stratégiques pour l’AIG sur la santé et la préservation de l’environnement. Sur cette base, un débat doit être ouvert pour poser les jalons de l’aviation du futur. C’est pourquoi les Vert·e·s transmettront cette étude au Conseil d’Etat pour que ce dernier propose une vision de l’AIG qui soit compatible avec les enjeux du 21ème siècle et les objectifs que sont tenus d’atteindre les autres secteurs (bâtiments, mobilité, etc.).

Les Vert·e·s rappellent le caractère essentiel de l’AIG, qui doit répondre aux besoins stratégiques de Genève, mais aussi aux besoins de santé et environnementaux de la population de la région. La situation financière de l’AIG doit être considérée comme une occasion de repenser la politique aérienne à Genève, dans la direction de plus de rationalité et de durabilité, tout en apportant un soutien aux travailleurs et travailleuses grâce au développement de réorientation professionnelle. Le parti appelle à une redirection de l’AIG vers sa mission de service public. Alors que le Grand Conseil est saisi d’une demande de soutien financier privilégié d’un montant maximal de 200 millions de francs en faveur de l’AIG, les Vert·e·s subordonneront leur soutien aux conditions suivantes : l’instauration d’un couvre-feu entre 22h et 6h (sans dérogation possible), la création d’un fonds de reconversion du personnel, la fin des vols intérieurs et le fait que chaque entreprise mandataire de l’AIG soit couverte par une convention collective de travail.

Les Vert·e·s dénoncent le fait que le Conseil d’Etat s’assoie sur la volonté populaire exprimée par un net OUI à l’initiative 163 « Pour un pilotage démocratique de l’AIG ». Son projet de loi de mise en œuvre n’a de mise en œuvre que l’étiquette. Lors de la consultation sur le projet de loi, les Vert·e·s avaient introduit des propositions d’amendements qui ont été balayées. La mission de l’AIG n’est par exemple pas revue pour protéger la santé des riverain·e·s. Les Vert-e-s proposent un projet de loi alternatif pour répondre au mandat populaire et fixer des lignes claires de réduction des nuisances.

Après une mise en suspens du trafic aérien durant la période de pandémie, les activités de ce secteur reprennent progressivement. Le lobby de l’aviation rêve d’une reprise à l’identique, grâce à l’appui de la collectivité. Un choix qui nous mènerait dans le mur et ne devrait en tout cas pas être rendu possible par des fonds publics. L’Université de Genève a évalué en 2016 les coûts sanitaires causés par le trafic aérien à Genève à plus de 50 millions de francs par année. Alors que le trafic aérien représente près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) du canton de Genève et est en passe de devenir la pollution la plus lourde de la facture climatique suisse, le Grand Conseil a déclaré l’urgence climatique en 2019 et le Conseil d’Etat s’est engagé à réduire de 60% les émissions de GES d’ici à l’année 2030. Il est urgent d’accompagner l’aviation vers une nouvelle ère et de proposer un redécollage de l’AIG qui soit compatible avec les engagements climatiques à Genève et en Suisse. Les Vert·e·s suisses ont déposé un bouquet d’interventions au parlement dans ce sens.

Contacts 

Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Vert.e.s genevois·e·s et conseillère nationale
Lisa Mazzone, conseillère aux Etats et présidente de la CARPE
Pierre Eckert, député et chef de groupe des Vert·e·s au Grand Conseil