Reconnaissance faciale: non merci!

Philippe de Rougemont
Sentir de l’insécurité au début de ce XXIe siècle est hélas légitime. Les solutions proposées pour y répondre ne manquent pas, mais comment allons-nous les juger? En affûtant notre attention pour nous assurer que la solution soit au moins neutre et n’augmente en tous cas pas les périls. Ce qui nous vaudra la question: quels sont les dangers? En voici une liste, ici en ordre de dangerosité:
- La disparition des espèces naturelles dont nous dépendons de façon vitale et dont nous faisons partie.
- L’épuisement des ressources minières par l’augmentation de production d’objets, d’outils et machines et leur ajout inévitable au stock de déchets souvent toxiques.
- Le comportement d’États impériaux (Russie, Chine, USA, Turquie…) et de multinationales hors de portée démocratique, intéressés par nos préférences, nos comportements et nos dépenses.
Face à ces périls réels, à quoi bon les technologies de la reconnaissance faciale qui nous identifient dans des foules? À rien, ou plutôt à beaucoup, mais dans le sens contraire de nos intérêts personnels et collectifs. Leur développement augmenterait les besoins en ressources minérales, en énergie pour stocker et traiter les données et fournirait des moyens de surveillance et de fichage supplémentaires aux puissances étatiques et commerciales. Ces outils proliféreront en Suisse, à moins que nous en décidions autrement, canton par canton, comme la législation fédérale le permet.
Même aux USA, où un des risques principaux est le terrorisme, les villes de San Francisco et Oakland ont interdit la reconnaissance faciale sur le territoire public. Une motion du député Bertrand Buchs demande justement que la reconnaissance faciale ne soit pas utilisée dans l’espace public et à l’intérieur des bâtiments de l’administration cantonale.
Comme lors d’appels publicitaires reçus par téléphone, nous répondons simplement à l’offre de contrôle facial: «Votre produit ne nous intéresse pas.»
Philippe de Rougemont, député Les Verts