Par Céline Bartolomucci, députée suppléante et co-responsable du GT Environnement

Le 6 septembre dernier, BirdLife Suisse, ProNatura, Groupe Loup Suisse et le WWF Suisse ont dénoncé via un communiqué de presse commun la nouvelle ordonnance sur la chasse aux loups déposée par l’OFEV (Office fédéral de l’environnement).
Le problème ? L’OFEV, sous l’autorité du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, dirigé par Albert Rösti (UDC), envisage d’éradiquer deux tiers des loups du pays et d’autoriser le tir de meutes entières, alors que jusqu’à présent, seuls les tirs d’individus « problématiques » étaient autorisés et devaient faire l’objet d’une autorisation au préalable.

Outre le scandale environnemental évident d’une telle ordonnance rédigée à la va-vite sans aucun fondement scientifique et visant une espèce strictement protégée, on ne peut que déplorer le comportement de l’OFEV qui bafoue sans complexe la volonté du peuple.

En effet, pour rappel, le 27 septembre 2020, la modification de la loi sur la chasse, qui représentait alors une attaque massive contre la faune sauvage, avait déjà été rejetée dans les urnes par le peuple. Fin 2022, le Parlement avait adopté un nouveau texte confirmant que les espèces protégées ne pouvaient être régulées que si elles avaient causé des dommages importants. Depuis lors, un retour de l’OFEV était attendu. En lieu et place, nous voilà face à une tentative d’imposer en catimini des quotas catastrophiques de chasse, tout en faisant des coupes budgétaires qui diminuent le soutien à la protection des troupeaux. 

Dans notre belle Suisse dont le modèle de démocratie unique fait partie de l’ADN et où la loi fédérale sur la protection des animaux est citée en exemple dans le monde entier, on ne peut que s’étonner du fond et de la forme de cette ordonnance. La nouvelle loi sur la chasse prévoyait que le loup soit protégé de l’extinction, notamment via des mesures de protection pour les troupeaux et les meutes. Avec cette nouvelle ordonnance, ces belles paroles semblent avoir disparu et s’inscrivent en désaccord total avec la volonté du parlement et du peuple.

Alors que de nombreux pays, dont l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou la Belgique, ont totalement renoncé à l’abattage des loups au profit de solutions privilégiant la collaboration avec les agriculteurs, la Suisse montre ici son retard et son échec sur la question.