Par Didier Bonny, co-président des Verts Ville de Genève et candidat au Conseil national. Ce texte est paru le 24 mars 2019 dans le blog de la Tribune de Genève. 

Faut-il lancer un référendum suite à l’acceptation par le Grand Conseil d’un crédit d’étude de 6,3 millions pour le serpent de mer genevois que représente la traversée du lac ? Faut-il combattre une loi qui découle logiquement du vote du peuple de juin 2016 acceptant à plus de 60% le principe d’une traversée du lac ?

Ne serait-ce pas être mauvais joueur que de mettre les bâtons dans les roues (des voitures principalement) de la volonté du peuple ? Lancer un référendum pour « seulement » 6,3 millions, est-ce bien raisonnable ? Ça demande de l’énergie pour récolter les signatures et des moyens financiers pour un résultat qui est loin d’être gagné d’avance et qui pourrait même se retourner contre les opposants en cas de plébiscite dans les urnes de ce crédit d’étude. Et puis, ça aurait pu être pire, puisque le crédit voté par la commission des transports était de 24 millions.

Alors, le référendum à l’eau comme les 6,3 millions puisque tout le monde sait très bien que ce projet ne verra jamais le jour, son financement relevant d’une pure chimère ? Ce serait sans aucun doute l’option « raisonnable » : faire le gros dos, accepter de gaspiller 6,3 millions et attendre que l’Histoire donne raison aux adversaires de la traversée du lac.

Mais ce serait alors faire fi du changement de mentalité qui s’opère gentiment, mais sûrement, au sein de la population à propos de l’urgence climatique, comme les résultats des élections zurichoises l’ont montré de manière éclatante ce dimanche. L’avenir est à la mobilité douce et aux transports publics et non pas à la construction d’une route qui amènera du trafic supplémentaire et de la pollution, détruira des biotopes et causera d’importantes nuisances aux riverains, tout particulièrement de la rive gauche, qui depuis le vote de 2016 en ont pris conscience.

Vu sous cet angle, un référendum ne serait-il dès lors pas le bienvenu ? Aucune bataille n’est perdue d’avance.