Par Marjorie de Chastonay, députée. Ce texte est paru dans le journal La Tribune de Genève le 5 mai 2020 concernant la décision cantonale de ne pas maintenir les examens finaux de maturité.

Des milliers de jeunes n’auront pas besoin de passer leurs examens de maturité pour valider et faire reconnaître leur cursus scolaire. Cette décision s’aligne sur tous les cantons romands ainsi que Berne, Zurich et Bâle, excepté Fribourg. Genève est le canton de Suisse le plus touché par la pandémie de Covid-19. Les écoles sont encore fermées, même si elles se préparent activement au déconfinement. Or, la rentrée du secondaire II est prévue le 8 juin.

De leur côté, les collégien.n.e.s ont pris l’initiative de se faire entendre. N’est-ce pas aussi cela qu’on apprend lors des études: le développement de l’esprit critique et le sens des initiatives? Cette génération d’élèves gardera les stigmates des événements de cette année. Rappelez-vous, il y a quelques mois, les marches pour le climat, la grève des femmes, la Marche des fiertés et ensuite la pandémie de Covid-19. Comment ne pas prendre en considération les revendications d’une jeunesse mobilisée et consciente des enjeux qui menacent notre planète et notre système?

Supprimer une session d’examens, bien que finaux, ne signifie pas annihiler les quatre années d’études accomplies. La maturité est un certificat d’aptitude aux études. Il s’agit d’une validation d’un parcours scolaire composé d’une grande majorité d’évaluations formatives. Les notes de l’année reflètent davantage l’assiduité, la régularité, la ténacité des élèves plutôt que l’aptitude à gérer le stress d’examens finaux, avec un bourrage de crâne permettant de ressortir une quantité monstrueuse de connaissances qui seront vite oubliées puisque vite apprises. Au final, ce qui compte est ce qui reste: le développement des compétences sur les connaissances. Reconnaître la capacité d’analyse sur le long terme plutôt que la gestion des émotions à court terme.

Cette volée 2020 a connu l’enseignement numérique en milieu confiné, sans forcément avoir les bons outils ou la connexion idéale, la solitude, parfois le décrochage, l’incertitude du lendemain, le stress de se retrouver face à des examens sans avoir eu le temps ou les moyens de réviser dans des conditions «normales». Ces étudiant.e.s n’ont pas pu bénéficier des cours d’appui et des répétiteurs. Ils ont dû gérer ou subir leur vie de famille au quotidien, sans filtre et avec les effets des conséquences liées à la crise sanitaire, devenue crise économique et maintenant sociale. Les conditions sanitaires, organisationnelles et sociales ne permettent donc pas de garantir l’égalité des chances de toutes et tous.

Le soir, j’applaudis non seulement le personnel soignant, mais aussi tous les jeunes que je félicite pour l’obtention de leur maturité! Même si l’avenir est incertain, la maturité 2019-2020 est historique. En cela, sa valeur n’est que démultipliée et les universités la reconnaîtront. Ce ne sera pas une volée blanche, bien au contraire, elle sera verte, violette, arc-en-ciel, une volée solidaire qui en a déjà vu de toutes les couleurs!