C’est avec effroi que nous apprenons l’ouverture imminente de nouveaux abris de protection civile afin de loger des requérants d’asile. Cela fait trois mois que les Verts et d’autres partis ont déposé une motion demandant, entre autres, des solutions provisoires pour reloger les personnes actuellement placées six pieds sous terre. Malgré une large mobilisation de la population genevoise contre cette pratique, le Conseil d’Etat s’apprête à poursuivre sur une voie déshumanisante pour les personnes concernées.

Le 20 février dernier, les Verts, suivis de l’Alternative et de plusieurs députés de droite ont déposé une motion, actuellement en cours de traitement par la commission des affaires sociales, qui exige une meilleure prise en charge des personnes venues chercher refuge dans notre pays. Refusant les conditions de vie particulièrement difficiles que représentent les abris de protection civile (promiscuité extrême facilitant la propagation de maladies, manque d’air, lumière allumée en permanence et trop faible nombre de toilettes et de douches), les députés y ont invité le Conseil d’Etat à agir dans les plus brefs délais.

La motion (M 2259) demande de mettre en place des solutions provisoires permettant de reloger rapidement et dans des conditions dignes les demandeurs d’asile, souvent en abris PC depuis de nombreux mois. Il s’agit également de planifier au mieux les besoins en places d’hébergement pour les cinq années à venir au moins. Il s’agit enfin d’élaborer un plan de mesures permettant de garantir des conditions d’hébergement dignes aux demandeurs d’asile, en planifiant l’attribution de nouveaux espaces et en abandonnant le recours aux abris de protection civile pour un hébergement de plus de trois mois.

Jusqu’ici, le Conseil d’Etat n’a pas démontré une volonté claire de réagir rapidement pour assurer le bien-être physique et mental de certains de ses habitants. Alors que la motion a été déposée par les députés il y a déjà trois mois, le bilan est extrêmement décevant : non seulement les abris PC n’ont jamais été fermés, mais encore de nouveaux abris seront ouverts ces prochains jours. La recherche de solutions provisoires (containers habitables) aurait dû déboucher sur des logements disponibles aujourd’hui.

Contrairement à ce que semble croire le Conseil d’Etat, nous tenons à rappeler ici avec gravité que les abris de protection civile ne sont pas des lieux de vie. Il est donc intolérable de banaliser le recours à ces structures pour y abandonner des êtres humains à leur sort pendant plusieurs mois. Ce d’autant plus lorsque les conditions sanitaires et la vétusté des lieux laissent à désirer, ce qui est le cas dans plusieurs abris genevois. Le groupe Stop Bunkers, composé essentiellement de requérants d’asile, a alerté les autorités sur ces conditions de logement déplorables par courrier, en janvier dernier.

Nous rappelons que parmi les personnes logées en abris PC, de nombreux réfugiés resteront durablement en Suisse et qu’un accueil dans de telles conditions prétérite leur intégration sociale. Mais si le Conseil d’Etat décidait de ne placer que des personnes déboutées de l’asile dans ces structures, cela ne changerait rien à la donne : ce sont des personnes, et leur droit à des conditions de vie décentes est inaliénable, en tant que droit humain fondamental. Les citoyennes et citoyens genevois sont sensibles à cet argument, au vu de l’élan de solidarité important qui a accompagné le dépôt de notre motion et le refus du renvoi d’Ayop Aziz. C’est à leurs côtés que les Verts défendront le droit de tout un chacun à des conditions d’hébergement décentes.

Contacts

Lisa Mazzone, présidente des Verts genevois et députée, 077 404 16 08

Frédérique Perler, députée, 076 693 58 76