Par Emilie Flamand-Lew, Députée

Souvent, lorsque nous récoltions des signatures pour notre initiative pour des transports publics plus rapides, des passants s’étonnaient : « Vous êtes sûre que les bus et les trams ne sont pas déjà prioritaires ? C’est pourtant logique ! ». Eh bien non, à Genève, ce n’est de loin pas systématique. Tous les carrefours ne sont pas équipés de feux préférentiels, et les sites propres (voies réservées aux bus ou aux trams) ne représentent que 24% du réseau de transports publics. La priorité, que notre initiative propose d’instaurer, est une réalité dans plusieurs grandes villes suisses, telles que Zurich ou Bâle, où la mobilité est plus fluide pour l’ensemble des utilisateurs. Mais Genève, comme trop souvent, est à la traîne. Conséquence: les embouteillages bloquent régulièrement bus et trams, impliquant des retards importants sur certaines lignes et une frustration quotidienne pour les usagères et les usagers.

Pourtant, vu les défis auxquels notre canton-ville doit faire face en termes de mobilité, la priorité est une mesure simple et peu coûteuse qui permettrait d’améliorer grandement le sort des chauffeurs et usagers des transports publics, mais aussi des automobilistes et des professionnels qui effectuent des livraisons. En effet, des transports publics plus rapides, ce sont des transports publics plus efficaces et plus attractifs, donc moins de bouchons, grâce au transfert modal.

Du point de vue financier aussi, la priorité est une bonne affaire ! Depuis la baisse des tarifs TPG votée par le peuple, les transports publics se retrouvent sous-dotés et l’offre a été diminuée en conséquence, avec des cadences moins soutenues hors des heures de pointe, des lignes qui s’interrompent au centre-ville en soirée, et globalement une desserte moins efficace pour l’ensemble des usagers. En supprimant les obstacles et en augmentant la vitesse commerciale des transports publics, la priorité permettrait d’augmenter l’offre, à nombre de véhicules et de conducteurs constant, donc sans surcoût. A titre indicatif, la voie de bus réalisée sur le pont du Mont-Blanc fait économiser à elle seule plus d’un million de francs par an à l’Etat et a permis de gagner jusqu’à 15 minutes aux heures de pointe pour chacun des bus qui l’emprunte. Sur l’ensemble du réseau, les économies potentielles sont donc considérables.

Alors, la prochaine fois que vous serez à l’arrêt au feu rouge, dans un tram, pendant de longues minutes, avec 360 passagers-compagnons de galère, pour laisser passer une vingtaine de voitures occupées en moyenne par 1.2 personnes, pensez-y ! Et gageons qu’au mois de juin, vous voterez, comme moi, un grand OUI à l’initiative des Verts pour des transports publics plus rapides.