Dans le cadre des Journées de l’Environnement des Verts genevois

Retour sur la visite de l’ESREC de la Praille, Carouge du mardi 13 septembre 

Par Boris Calame, Député

Une dizaine de curieux ont répondu présent pour participer à la visite interactive et passionnante de l’ESREC (Espace de récupération) de la Praille à Carouge, organisée par les Verts genevois. Cette visite a permis de découvrir comment sont triés et traités les déchets reçus sur ce site, propriété du canton et géré par les SIG, mais aussi de parler des filières de recyclage, notamment au travers de la présentation du programme « ecomat.ge » qui prône l’utilisation de matériaux recyclés dans la construction.

En considérant les déchets comme des ressources et non plus de simples matières à incinérer ou à enfouir, il est possible d’optimiser leur valorisation, soit assurer au mieux un bouclement du cycle de vie [de la matière] en leur donnant une véritable valeur marchande et écologique. C’est un point central d’une économie durable et plus respectueuse de notre environnement, principe défendu par l’initiative Economie verte qui est soutenue entre autres par les Verts.

Après quelques mots d’accueil et de remerciements du soussigné à l’attention des visiteurs et de nos guides du jour qu’ont été M. Mathieu Raeis et Mme Laure Müller, respectivement responsables du secteur déchets et du programme « ecomat.ge » au GESDEC (Service cantonal de gestion des déchets), et Mme Virginie Perret, responsable d’exploitation des SIG notamment de l’ESREC de la Praille, la visite et les échanges ont pu débuter.

Parler des déchets oblige à parler des matières, des ressources et des filières, mais aussi de la responsabilité de gestion de ceux-ci par les collectivités publiques et de la répartition entre le canton et les communes.

Les ESREC sont des lieux mis à disposition du public gratuitement par le canton, afin de favoriser le tri à la source des matières valorisables. Ils ne sont pas accessibles aux entreprises qui doivent, elles, s’adresser à des repreneurs privés. Les matières qui y sont collectées sont nombreuses (déchets verts, graves, métaux, encombrants, déchets spéciaux, batteries, appareillages électroménagers et électroniques,…), il n’est alors pas possible d’en parler de façon trop exhaustive. Il faut toutefois retenir qu’un déchet bien trié à la source lui donne une valeur marchande réelle sur le marché des matières premières secondaires. La valeur de revente peut même parfois couvrir les coûts liés à la collecte et aux transports des dits déchets. Un bon tri des déchets et une juste valorisation de ceux-ci permettent en tous les cas une moindre dépense pour les collectivités par rapport à la « simple » incinération et un gain notable pour notre environnement.

A Genève les trois ESREC qui existent sont les sites de la Praille, de Châtillon et des Chânats. Ils collectent respectivement 40%, 35% et 25% des déchets urbains qui y sont apportés, pour un total annuel de l’ordre de 15 à 16 milles tonnes sur les 200 à 220 milles tonnes annuelles du canton. Leur financement est assuré par un prélèvement sur le fond cantonal de gestion des déchets, lui-même alimenté par une part (Chf. 25.00/tonne) du montant d’incinération des déchets aux Cheneviers (Chf. 240.00/tonne). Ledit fond dispose d’environ 5.5 millions par an, dont 4 millions sont dévolus notamment au fonctionnement des ESREC et 1.5 millions à la formation, l’information et la sensibilisation du public et des entreprises. Aujourd’hui, il manque un ESREC en rive gauche pour compléter judicieusement le dispositif cantonal. Celui-ci se devrait d’être réalisé prochainement.

Avec l’actuelle campagne du canton « la petite poubelle verte » qui traite de la collecte des déchets organiques des ménages, réalisée en partenariat avec bon nombre de communes genevoises, il est envisagé de collecter 25 milles tonnes de déchets compostables, soit une augmentation de +150% par rapport à la situation actuelle, sur un total estimé à environ 40 milles tonnes. Tout l’intérêt de cette collecte est d’éviter de bruler de l’eau (80 à 90% d’eau composent ce type de matière) et de réintroduire dans le cycle de la vie les matières organiques ainsi collectées et compostées.

Le deuxième point discuté a été le programme « ecomat.ge » qui tend à une meilleure valorisation par le recyclage des déchets de déconstruction. L’ESREC de la Praille, datant d’une dizaine d’années, est une belle démonstration des possibilités de recyclage des graves (bétons) de déconstruction qui ont servi à 100% à la production et la construction des parties du site en béton recyclé. Le savoir-faire est présent, la démonstration est faite et la qualité est au rendez-vous. Il vaut la peine maintenant de mieux le généraliser.

Nous avons aussi parlé de la prochaine transformation de l’usine d’incinération des Cheneviers et de sa [sur]capacité qui est en décalage avec les volumes d’incinérables qui eux sont en réduction. Cette usine est un élément crucial dans le réseau genevois de chauffage à distance qui est interconnecté au travers des deux réseaux d’importance que sont le CADIOM et le CADSIG (chauffage à distance d’incinération des ordures ménagères et des SIG). Aujourd’hui, ces réseaux et la chaleur qui y est transportée permettent de fournir l’entier de la demande en été et près de 50% en hiver avec un complément qui est produit par l’usine à gaz des SIG du Lignon. En moyenne à l’année, les Cheneviers fournissent 53% de la demande en chaleur desdits réseaux et une part « résiduelle » en électricité. L’incinération y est modulée tout au long de l’année, en fonction des besoins de chaleur. A la
belle saison, une part des déchets est prélevée, conditionnée en balles et stockée sur le site pour être exploitée en ressource énergie lorsque la demande hivernale est plus élevée.

Nous avons enfin parlé du taux de recyclage à Genève, qui est aujourd’hui de l’ordre de 45%, au regard du canton de Berne (47.5% avec la taxe poubelle) où les méthodes de calcul et données statistiques sont identiques. Une surprise étant que la production des déchets et la part de recyclage sont calculées par habitant et qu’aucune comparaison ou pondération n’est effectuée par rapport au nombre d’emplois et la typologie de ceux-ci. C’est sans doute une piste à explorer pour avoir une image plus fidèle de la production des déchets à Genève, car une mesure dissociée et précise entre les producteurs (habitants/emplois) est impossible de par la dissémination de bon nombre d’entreprises au sein même de l’habitat.

Cette visite a permis à chacune et chacun de prendre conscience de la complexité de la gestion des déchets et de l’importance de sa qualité en faveur de la préservation des ressources, au service des générations futures.

Afin de boucler durablement les cycles, qu’ils soient énergétiques, biologiques ou matériels, et assurer la durabilité de notre société, il est opportun de dire OUI à l’initiative Economie verte le 25 septembre prochain !

Plus d’infos sur :

– la gestion des déchets à Genève : http://ge.ch/dechets/

– le programme « ecomat.ge » : http://ge.ch/ecomat/

– la collecte des déchets organiques : www.lapetitepoubelleverte.ch

– la campagne en faveur de l’économie verte : http://www.economieverte.ch/