Nos 3 candidats à l’élection du Conseil d’Etat ont répondu 5 questions du journal Le Courrier, particulièrement relevantes et essentielles pour l’avenir de la population de notre canton: emploi, logement et aménagement du territoire, coûts de la santé, mobilité et services publics…. tout y est passé!
Découvrez leurs réponses ci-dessous.

1. Genève est attractive, elle crée de l’emploi, mais aussi des nuisances (chômage, pollution, densification). Quelle politique économique et fiscale préconisez-vous pour Genève?

Antonio Hodgers: Je préconise que notre politique économique et fiscale soit supportable d’un point de vue des infrastructures, de l’environnement et de l’aménagement du territoire au sens large. Il faut préserver les emplois actuels du canton, et encourager une économie plutôt locale et de proximité qui n’est pas assez valorisée comme source de richesse.
Marjorie de Chastonay: Il est essentiel d’adapter la promotion économique à la capacité réelle d’accueil de notre canton et au développement voulu en matière d’aménagement du territoire, soit un développement durable et responsable. En matière de fiscalité, je suis favorable à une fiscalité solidaire et redistributive qui tienne compte de la situation de la classe moyenne, souvent parent pauvre en matière de déductions fiscales.
Yvan Rochat: Il faut reprendre le contrôle de notre développement. Pour cela la fiscalité des entreprises est l’outil efficace. Créer des emplois plutôt que d’en importer, soutenir les entreprises diminuant leur impact environnemental, avoir une fiscalité permettant aux collectivités publiques de continuer d’investir car l’Etat doit grader sa capacité à accompagner les développements à venir.

2. Comment répondre à la demande des dizaines de milliers de Genevois mal-logés? Faut-il construire davantage de logements sociaux, de PPE? Et où faut-il le faire?

Antonio Hodgers: Il faut construire pour tout le monde. D’abord, nous devons atteindre l’objectif de 20% de LUP, alors que nous sommes à 10%. Ensuite, je souhaite mettre l’accent sur la classe moyenne, en augmentant significativement la part de locatif non subventionné. La PPE doit aussi trouver sa place pour des raisons de mixité sociale. Il faut construire autour des gares et des axes de transports publics, proches des centres urbains.
Marjorie de Chastonay: En matière de logements, je suis favorable à une densité qui permette des déplacements courts et qui évite le trafic de pendulaires. L’accent doit être mis ici également sur la classe moyenne qui peine à se loger, sur des logements accessibles pour les jeunes qui souhaitent prendre leur envol. La qualité des logements est essentielle et je suis favorable au développement des écoquartiers et des coopératives.
Yvan Rochat: Pour les futurs quartiers de Genève, le maître mot est mixité ! L’un de nos atouts encore trop peu exploité, et que l’on doit exploiter ces prochaines années pour mettre en œuvre cette indispensable mixité, ce sont les coopératives d’habitation. Elles sont l’outil idéal associant habitants et futurs habitants à la vie collective dans un immeuble et permettent de lutter contre la spéculation immobilière.

3. Quel que soit le mode de transport choisi, le Genevois a des raisons d’être mécontent. Quelle priorité souhaitez-vous donner à quel mode de transport?

Antonio Hodgers: La priorité doit clairement être donnée aux transports publics et à la mobilité douce. La mise en service du Léman Express va redessiner la mobilité du canton. Il faut aller plus loin et prévoir un véritable réseau ferré à l’échelle cantonale. Il est temps de favoriser certains modes de transport par rapport à la voiture individuelle.
Marjorie de Chastonay: S’agissant des transports, ma priorité est double. D’une part, un développement drastique des transports publics, tant en ville qu’en zone de campagne et la mise à disposition d’un réseau de pistes cyclables complet et sécurisé. En outre l’anticipation en matière de réseau de transports publics doit devenir la règle de l’aménagement du territoire.
Yvan Rochat: La solution à nos difficultés actuelles et l’anticipation de nos développements à venir passent par des changements fondamentaux. Cesser de mentir ! les gadgets ne résoudront jamais nos problèmes de mobilité. Définir des priorités : des transports publics efficaces en nous remobilisant pour reconquérir le financement d’investissements fondamentaux et en augmentant la subvention aux TPG ; améliorer et sécuriser les parcours de mobilité douce.

4. Année après année, les primes d’assurances maladie augmentent. Quel remède cantonal proposez-vous à cette hausse perpétuelle?

Antonio Hodgers: La maîtrise des coûts et l’amélioration des prestations doivent être portées par l’ensemble des acteurs de la santé, du docteur au patient. Je suis persuadé qu’une caisse publique unique au niveau national apportera une meilleure transparence sur les coûts ainsi qu’une meilleure gouvernance.
Marjorie de Chastonay: L’assurance maladie augmente de manière exponentielle et de nombreuses personnes peinent à payer leurs primes et préfèrent renoncer à des soins de base en raison de la franchise élevée. Les primes d’assurance maladie doivent être contenues et ne pas représenter une charge de plus de 10%. Les Verts ont lancé une initiative dans ce sens avec leurs partenaires de l’Alternative.
Yvan Rochat: La première doit être permettre de plafonner à 10% du revenu du ménage les primes d’assurances maladie. Transitoire, cette mesure doit être complétée par d’autres qui touchent à la maîtrise des coûts de la santé, caisse unique et publique, transparence des coûts, enfin, dans le cadre de la révision de l
a LaMal, une meilleure répartition des soins entre hôpitaux publics et privés.

5. On déplore de nombreux services publics sous tension, par exemple à l’hôpital, dans le social ou à l’aide à domicile. Que faut-il faire pour assurer des prestations de qualité à la population ?

Antonio Hodgers: Les thématiques que vous citez ont besoin d’un fort engagement financier de l’Etat. Pour que des moyens adéquats soient alloués, il faut un arbitrage politique clair et courageux qui a jusqu’ici fait défaut. Par ailleurs, les métiers de base dans les domaines de la santé et du social, principalement assurés par des femmes, doivent clairement être réévalués dans le cadre de la grille salariale SCORE.
Marjorie de Chastonay: On doit commencer par diminuer la charge administrative des acteurs de la santé, du social, de l’enseignement et de la sécurité, afin que le personnel puisse se consacrer aux tâches de proximité avec les usagers. On constate une perte de temps invraisemblable avec des tâches administratives souvent inutiles et génératrices de surcharges et de tensions. Privilégions la qualité du service plutôt que la quantité de rapports rendus!
Yvan Rochat: Notre société vieillissante engendre des coûts toujours plus importants. Des mesures comme la coordination entre social, santé et politique urbaine (mobilité et aménagement) permettront de maîtriser l’augmentation prévisible de nos dépenses. Cela dit, il est irresponsable de mener une politique fiscale diminuant les ressources de l’Etat, tant il est amené à s’engager encore plus dans des services cruciaux à la population.