Par François Lefort, député, qui soutient le OUI aux déclassements situé à Meyrin et Vernier soumis en votation le 9 février 2020. La réponse de Pierre Eckert, député, est à découvrir ICI

Ces deux modifications de zone ne sont pas proposées par hasard. Il y a un contexte et une histoire. Le contexte c’est le plan directeur cantonal 2030 adopté en 2013 par la majorité des partis et en tous cas par les partis gouvernementaux. Ce PDC 2030 c’est le guide de l’aménagement du canton, c’est un consensus sur où et comment développer en réponse aux besoins de la population. Quel est le principal besoin de la population du canton, c’est sans aucun doute le logement. La population a besoin de se loger et de loger à des loyers abordables. Ce que propose dans les grandes lignes le PDC2030, c’est de répondre à cette demande mais surtout à rattraper le retard accumulé dans les années 1990 2010. Cette période a vu 75 000 Suisses s’établir en France voisine, officiellement comme Suisses de l’étranger, sans compter les quelques milliers (on parle de 20 000) faux résidents vivant en résidences secondaires. Contrairement à la France voisine, il n’y a pas de chiffres disponibles pour décrire la migration vers le canton de Vaud mais il y a aussi eu déplacement de population vers le district de Nyon.

Quelles sont les conséquences? C’est le mitage des paysages vaudois et français, c’est un continuum de zones villas, c’est une dégradation des espaces agricoles et naturels, c’est une augmentation ininterrompue du trafic demandant toujours et toujours plus de voirie et des embouteillages.

Quels sont donc les éléments importants du consensus du plan directeur 2030 pour les écologistes, c’est la ville multipolaire, compacte et verte et en contrepartie la protection de la zone agricole et des espaces naturels, c’est donc une ville écologique et adaptée au changement climatique, économe en ressources. Pour atteindre cet objectif, le Canton a une vingtaine d’outils d’aménagement disponibles, dont le premier est la modification de zones, pour créer des zones de développement 3 et 4, à partir de 11 % de la zone villa, ce 11% concerné par les modifications de zones dans les 20 ans qui viennent. 89% de la zone villa n’est pas concerné, on parle donc de 5.5. % de la zone à bâtir, alors que la zone villa représente 50% de la zone à bâtir. Voilà l’échelle de grandeur, qu’il faut préciser en rappelant que 15% de la population habite ce 50% de la zone à bâtir. En d’autres termes 75 000 personnes habitent dans la zone villa et utilisent 15% de la surface du canton alors que 425 000 personnes habitent la deuxième moitié de la zone à bâtir. Le déséquilibre est grand et dans le contexte du réchauffement climatique il faut partager le territoire plus justement

Enfin pourquoi déclasser des zones villas en zones de développement, tout simplement pour soustraire les nouveaux logements à la spéculation et fournir des appartements à des loyers 30% inférieurs au marché libre.

Voilà sur les principes, maintenant où sont prévues les futures mutations, et en particulier ces modifications de zone combattues par referendum, elles le sont au plus près des emplois, des réseaux de transport publics, au plus près des réseaux de fluides (électricité, eau potable, eaux usées) et des réseaux de chaleur et de froid, en construction pour ces derniers. Voilà le sens écologique et économe en ressources.

Enfin construire pour quand ? L’aménagement prend du temps, les logements planifiés verront le jour entre 2030 et 2050, voilà le vrai temps.

Quant à l’aéroport, son développement est maintenant encadré par une initiative devenue loi et les pollutions aériennes devraient baisser grâce au progrès technologique et au changement de carburant et d’ici 10 à 20 ans, le temps de l’aménagement la pollution et le bruit auront diminué. Et la meilleure façon de la faire diminuer est encore de voter ces déclassements qui empêcheront l’augmentation du trafic aérien.

En conclusion, on construit la ville verte compacte et multipolaire ou tout s’arrête, et Genève continuera d’exporter ses logements dans sa périphérie française et vaudoise, à des coûts écologiques qui ne sont pas acceptables.