Suite aux interventions policières parfois violentes pour interrompre les actions de l’Appel du 4 mai, Paloma Tschudi, députée Verte et commissaire à la judiciaire, a posé les questions suivantes au département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES). Les Vert.e.s genevois.e.s attendent avec impatience les réponses à ces questions.

Depuis lundi 4 mai, des citoyen.ne.s se mobilisent quotidiennement pour une noble cause : elles et ils demandent un redémarrage «post-Covid-19» plus local, humaniste, social et écologique. Pour ce faire, chaque midi, elles et ils se placent dans l’espace public et dessinent un cadre de 4m2 à la craie autour de leurs pieds, par souci de se mobiliser dans le respect des prescriptions sanitaires. Ces personnes sont peu nombreuses (à peine plus que les 5 personnes admises actuellement), silencieuses et leur action ne dure que 15 minutes.

Or, depuis le début du mouvement, la police genevoise intervient systématiquement pour les disperser. Elle contrôle les identités, distribue des amendes et a menotté et emmené plusieurs personnes au poste, dont un mineur aujourd’hui, pour des garde à vue ayant duré jusqu’à 2h30. Une personne a été plaquée au mur au moment de son arrestation et la violence physique du policier l’a contrainte à consulter un médecin suite à des douleurs au pouce.

Dans ce contexte, je souhaite poser les questions suivantes au département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES), et je vous remercie d’avance pour vos réponses :

  1. Comment la police cantonale justifie-t-elle une telle brutalité dans le cadre d’actions aussi pacifiques et bienveillantes que celles du 4 mai ?
  1. L’interdiction fédérale de se rassembler à plus de 5 personnes sur l’espace public vise à restreindre les formations de groupes de personnes proches les unes des autres. Or, les membres du mouvement du 4 mai sont à peine plus nombreux.se.s et respectent strictement les distances sociales. A contrario, des files de plusieurs dizaines de personnes se forment à l’entrée de nombreuses enseignes à travers la ville, ce qui est nettement plus problématique en termes de propagation du virus. Dans ce contexte, les interventions systématiques et parfois violentes de la police cantonale envers ce mouvement ne sont-elles pas disproportionnées ?
  1. Sur quelle base légale ou réglementaire exactement la police s’appuie-t-elle pour interrompre, parfois de manière violente, ces actions ? Est-il attesté que la configuration de ces actions (distances de 2m entre les personnes, très faible nombre de participant.e.s) permet de les décrire comme des rassemblements ?
  1. Il nous a été reporté que la garde à vue a eu lieu au poste des Pâquis dans des cellules insalubres (matelas sales, toilettes répugnantes). Comment une telle insalubrité est-elle justifiée et que compte faire la police cantonale pour y remédier ?
  1. Lors des interventions, les policier.e.s ont fait peu de cas du respect des distances sociales et aucun gel bactériologique n’était mis à disposition au poste. Que compte entreprendre la police cantonale pour respecter les prescriptions sanitaires lors de ses interventions, d’autant plus lorsque ces interventions visent à les faire respecter, justement ?
  1. Outre le mouvement du 4 mai, la police est aussi intervenue récemment pour empêcher la distribution de vivres de première nécessité par l’association « Caravane de solidarité » et a arrêté sa Présidente. Des interventions parlementaires en ont découlé, ainsi que le dépôt d’une pétition par un membre de mon parti pour que ces intimidations dans un contexte d’urgence sociale cessent. Ces diverses interventions policières largement décriées convainquent-elles la police cantonale à revoir les priorités dans ses interventions dans le contexte du déconfinement ? Si oui, dans quel sens ?