Les Vert-e-s genevois-es ont présenté aujourd’hui leur nouveau rapport « Aéroport de Genève (AIG) – Radiographie d’un redécollage post-COVID » qui vise à analyser les éléments de ce « redécollage » et à montrer les pistes de solutions pour réduire son impact environnemental et social. Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a annoncé le 20 mars que le réchauffement mondial atteindra 1,5 degré dès 2030-2035, les chiffres 2022 de l’aéroport de Genève sont alarmants : le nombre de vols atteint les chiffres d’avant la pandémie alors que 50% des destinations sont accessibles rapidement en train. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les Vert-e-s demandent de basculer de nombreuses lignes sur le réseau ferroviaire (en facilitant notamment l’achat des billets de train dans toute l’Europe) et la mise en œuvre de plusieurs mesures visant à réduire le bilan carbone de l’aéroport.

La crise de la COVID a brutalement interrompu deux décennies d’une croissance fulgurante du trafic à l’aéroport de Genève. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? L’ONG Noé21, spécialiste des questions énergétiques, a été mandatée par les Vert·e·s pour élaborer un rapport scientifique pour répondre à cette question. Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a annoncé hier que le réchauffement mondial atteindra 1,5 degré dès 2030-2035, les chiffres 2022 de l’aéroport de Genève sont alarmants. Les Genevois-e-s sont actuellement les champion-e-s du monde de la consommation de vols en avion, avec 4.1 vols par an par habitant-e, soit presque le double des citoyens-ennes ailleurs en suisses. Un chiffre quatre fois plus élevé que celui de l’Union européenne et 20.5 fois plus élevé que le reste du monde. A la suite de la crise sanitaire, l’année 2022 a connu un redressement spectaculaire du trafic à Genève, avec plus de 14 millions de passagers-ères et 160’000 mouvements. En une année, le trafic est ainsi presque revenu au niveau pré-pandémie. Les Vert-e-s avaient déjà collaboré en 2021 avec Noé21 pour une étude démontrant que le respect des objectifs climatiques, à savoir une réduction de 60% des émissions en 2030 par rapport au niveau de 1990, demanderait de ramener le nombre de passagers·ères à 3.2 millions par année, un chiffre très largement inférieur à ceux de 2022.

Ces chiffres ahurissants annihilent les efforts de diminution des gaz à effet de serre réalisés dans d’autres domaines tels que le chauffage des bâtiments ou la mobilité. Par exemple, les efforts d’économies d’énergie effectués pendant l’hiver 2022-2023 dus à la crise énergétique ont largement été annulés par l’augmentation de la consommation d’énergie des avions de l’aéroport. De plus, une utilisation accrue d’avions de dernière génération, moins gourmands en kérosène, n’a permis de réduire les émissions totales de l’AIG que de 0.7%.

Cette étude explore la viabilité de plusieurs pistes pour réduire l’empreinte carbone de l’aéroport. On constate que près de 50% des trajets en 2022 auraient pu être effectués en moins de 8h en train, puisque le top 10 des destinations comprend uniquement des destinations européennes dont Paris, Zurich et Londres (toutes trois accessibles en 2h30 à 6h). Le basculement de ces passagers-ères sur le train est tout à fait envisageable, sans modification de l’infrastructure ferroviaire et avec une augmentation limitée du matériel roulant. C’est 42% du trafic de l’aéroport de Genève qui pourrait ainsi être absorbé par le train. A contresens total avec cette logique toutefois, les CFF ont annoncé le 18 mars 2023 l’arrêt des ventes de billets internationaux dès 2024. Les Vert-e-s souhaitent que la Suisse, de par son emplacement géographique notamment, deviennent la plaque-tournante du réseau ferroviaire européen avec le déploiement d’une flotte de trains suisses (de nuit et rapide). Le parti propose également de faciliter l’achat des billets de train via une plateforme détaillée sur les liaisons en train dans toute l’Europe et d’augmenter les incitations financières destinées aux voyages en train.

Enfin, pour réduire l’empreinte carbone de l’aéroport de Genève, les Vert-e-s demandent la mise en œuvre des mesures suivantes:

  • Le rétablissement immédiat des surtaxes bruit à l’aéroport, pour continuer de financer l’assainissement des logements voisins;
  • L’instauration d’un couvre-feu de 22 heures à 7 heures du matin; 
  • Un objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans la convention d’objectifs qui lie le Canton à l’aéroport;
  • Le basculement des vols intérieurs en priorité (Genève-Zürich) et accessibles en train sur le ferroviaire;
  • La taxation des vols en jet privé et en hélicoptère et la coopération avec les infrastructures voisines;
  • Le déploiement d’une flotte de trains suisses de nuit et rapides dans toute l’Europe, à l’instar des trains autrichiens (le réseau ferroviaire européen existe d’ores et déjà!) ; 
  • La création d’une plateforme détaillée sur les liaisons en train dans toute l’Europe pour faciliter l’achat des billets; 
  • L’augmentation des incitations financières destinées aux voyages en train (à travers des offres ciblées et des fonds spécifiques).