Le projet de budget 2026, déficitaire de 409,4 millions, présenté par le Conseil d’Etat ce matin, n’a rien d’une surprise. Il est la conséquence directe et prévisible des baisses d’impôts massives, qui ont fait perdre 475 millions de recettes au canton. En 2024 déjà, les Vert-e-s avaient alerté sur les effets dramatiques de ces mesures pour les finances communales et les prestations sociales. Sans ces décisions irresponsables, les chiffres seraient aujourd’hui dans le noir. Ce déficit n’est donc pas le fruit « essentiellement d’une très forte hausse des charges”, comme le prétend le gouvernement, mais d’un effondrement artificiel des revenus, décidé par la droite majoritaire. Nathalie Fontanet, cheffe du département des finances, avait pourtant martelé que les prestations ne seraient pas touchées avec les baisses d’impôts. Ces promesses sonnent particulièrement faux aujourd’hui.

Si aucune coupe frontale n’est encore annoncée, les mesures révélées trahissent déjà une austérité rampante : gel de l’annuité de la fonction publique, report massif des charges sur les communes via le projet sur la péréquation, et promesse de nouvelles mesures d’économies au printemps – autant de signaux qui laissent présager le pire pour les services publics.

  • La suspension de l’annuité pour le personnel de l’Etat totalise une somme de 60 millions et ne représente donc qu’une part minime du déficit. Nous regrettons vivement qu’une fois de plus le personnel représente l’une des variables d’ajustement de mauvais choix budgétaires précédents.
  • Le report massif de charges sur les communes: une des autres solutions du Conseil d’Etat pour faire face à cette situation budgétaire tendue – qu’il a lui-même contribué à créer? Transférer aux communes genevoises une charge de 108,6 millions, même si les plus urbanisées d’entre elles ont déjà passablement de peine à répondre aux besoins de leurs communiers et communières, notamment en matière de places de crèche.
  • Et surtout, la promesse d’un plan d’économies à venir au printemps 2026, laissant planer la menace de nouvelles coupes dans les prestations sociales, la santé, l’éducation ou l’aide aux personnes les plus précaires.

Relevons également que le nombre de postes liés à ce budget augmente de façon minime et s’adapte à peine à l’augmentation de la population. Les besoins spécifiques de la population liés au vieillissement ou à l’augmentation des inégalités sociales ne pourront pas être satisfaits. Avec les lois corset, sur lesquelles la population devra se prononcer le 28 septembre, cette évolution deviendra automatiquement pire, car elles verrouillent le nombre de nouveaux postes au sein de l’Etat, sans que le Conseil d’Etat ou le Grand Conseil ne puissent plus intervenir. Ces lois menacent donc encore davantage les prestations à la population, tout en montrant la désinvolture irresponsable et cynique avec laquelle la droite considère les moins privilégié-e-s de ce canton. 

Le maintien des investissements importants en matière de transition écologique et numérique ainsi que dans la mobilité est une maigre consolation, mais si les postes permettant de suivre ces investissements ne sont pas attribués, il ne s’agit que d’intentions sans moyens. Nous regrettons aussi le faible niveau d’investissement dans l’assainissement énergétique des bâtiments qui pourtant est essentiel à la réalisation du plan climat cantonal. 

A mi-législature, les effets délétères d’un gouvernement de droite et d’un parlement situé aux deux tiers à droite prennent leur pleine ampleur. Non seulement les plus précaires, mais aussi la classe moyenne vont voir les prestations qui leur sont destinées se réduire comme peau de chagrin. Afin de contenir cette hémorragie, il est essentiel le 28 septembre d’élire Nicolas Walder au Conseil d’Etat et de refuser sèchement les deux lois corset.

Contacts:

Emilie Fernandez, députée et présidente de la commission des finances
Pierre Eckert, député, membre de la commission des finances
Louise Trottet, députée et cheffe de groupe
Julien Nicolet-dit-Félix, député et vice-chef de groupe