Chaque seconde la Suisse bétonne un mètre carré de son propre territoire
Par Delphine Klopfenstein Broggini, députée au Grand Conseil et candidate au Conseil national
C’est comme une tâche d’huile, comme une coulée de benzine. Le béton se répand sur le sol à vive allure. Ce phénomène, que l’on appelle mitage du territoire, étalement urbain ou dispersion des constructions n’est pas nouveau : en 33 ans, on a bétonné en Suisse une surface égale au lac Léman.
Cette course folle n’est pas prête de s’arrêter et sévit tous les jours.
Quotidiennement, la superficie de 8 terrains de football de terres agricoles disparaît sous le béton. En comparaison, cela reviendrait à bétonner, tous les quatre jours, une surface équivalente à la vieille ville de Genève soit la somme de 90 vieilles villes sur une année. En d’autres termes, chaque 24 heures, la superficie nouvellement urbanisée correspond à l’espace requis pour 6’400 stationnements automobiles. Chaque seconde la Suisse bétonne donc près d’un mètre carré de son propre territoire.
Ce sont autant d’images révélatrices d’une catastrophe programmée. A quand une ville ininterrompue entre Genève et Lausanne ? Ou entre Berne et Zürich ?
Cette dissémination du bâti, faisant échos à des modes de vie toujours plus énergivores, amène une augmentation du trafic et de nouvelles constructions routières, qui, à leur tour, contribuent à l’usure du sol.
Chaque nouvelle brique de béton posée dans un champ asphyxie la terre et détruit un morceau de notre vie. Celle qui nous nourrit de son agriculture et de ses paysages. Préférons la contemplation, la biodiversité et l’agriculture de proximité, l’initiative stop mitage nous le rappelle si justement.