par François Lefort, député vert au Grand Conseil

Le problème de l’urbanisme du XXe siècle, celui de l’étalement urbain, sans souci du coût écologique de cet étalement. Genève n’y a pas échappé, s’étalant sur sa campagne proche pour y construire des zones villas et des immeubles. Puis la population genevoise, sans cesse grandissante, s’est déversée en France, pour de multiples raisons, une zone agricole genevoise mieux protégée, une lenteur à la construction, mais surtout un prix attractif incomparable avec Genève, rendant accessible la propriété aux classes moyennes.

La migration continue, bien réelle, et ce sont plus de 70 000 citoyens suisses, résidant officiellement en France voisine, qui sont inscrits au Consulat suisse de Lyon. Sans compter ceux, peut-être 20 000 selon certaines estimations, qui y résident en pseudo-résidences secondaires. Ces citoyens suisses ont trouvé à se loger à bon prix en France voisine et pour certains sont devenus propriétaires parce que ce n’était pas possible à Genève. Les mêmes partis qui aujourd’hui s’opposent à tout projet de densification en ville sont aussi ceux qui s’attaquent aux frontaliers. Quelle arrogance de colonisateur, on peut installer 90 000 Suisses en France voisine, dont les besoins sont financés par la France mais il ne faut pas que les frontaliers viennent travailler à Genève. Il est normal de vouloir construire plus dense en ville, parce que cela économise en infrastructures (transports, énergie, eau potable et eaux usées) et en infrastructures publiques plus proches de la population.

Construire dense réduit la pollution de l’environnement, les nuisances irréversibles au sol agricole, économise les dépenses énergétiques et les dépenses publiques. Le consensus du Plan directeur cantonal (PDC), qui a volé maintenant en éclats, disait où nous allions construire pour le futur: Praille-Acacia-Vernets et ses 12 400 logements, Bernex, et

des déclassements de zone villas. La moitié de la zone à bâtir est en zone villas, où réside 15% de la population. Le PDC 2030 prévoyait d’en déclasser 11%, au plus près des infrastructures, pour construire la ville compacte et verte. Pas toute la zone villas, 11% seulement. Deux référendums combattent justement les déclassements, sans compter tous les projets de déclassements représentant plusieurs milliers de logements bloqués ou refusés au

Grand Conseil, par une majorité, dont l’objectif est que rien ne change et surtout pas la pénurie de logements, qui rend le logement rare et qui fait les loyers chers également. Le plus emblématique combat est celui de Chêne-Bougeries, où le périmètre en zone villas à déclasser est occupé par une ancienne entreprise agricole. Les voisins ne veulent pas d’urbanisation de leur proximité.

Se rendent-ils compte que leurs oppositions n’ont pour conséquence que de pousser encore nos concitoyens plus nombreux sur les routes frontalières, d’augmenter les nuisances du trafic routier et d’augmenter les nuisances environnementales dans des régions frontalières déjà saturées?

Pourtant, construire la ville compacte et verte, c’est bâtir la ville en ville pour que l’air y soit plus sain, au contraire de ce que disait Commerson, qui dans sa Petite Encyclopédie Boufonne, disait qu’il fallait les construire à la campagne.