Annoncée il y a une année, l’ouverture de certaines voies bus aux véhicules deux-roues motorisés sera concrétisée d’ici quelques semaines. Après avoir drastiquement coupé dans le budget de fonctionnement des TPG, le Ministre des transports s’attaque maintenant à leur vitesse commerciale. Cette mesure s’inscrit dans l’incompréhensible promotion de la mobilité en scooters et motos dans le canton, chère au Conseil d’Etat. Coûts pour la collectivité, diminution de l’attractivité des transports publics, promotion de véhicules bruyants, dangereux et polluants : les motifs ne manquent pas pour condamner cette mesure, qui affaiblit encore la capacité d’aboutir à une paix des transports dans notre canton.

Attaque des transports publics

Les enquêtes de satisfaction révèlent que la faible vitesse commerciale est l’une des raisons majeures du frein à l’utilisation des transports publics, avant même le facteur coût. Alors que Bâle ou Berne paradent en haut du classement des vitesses commerciales, Genève stagne à 16 km/h. Nos transports publics sont donc très lents et peu attractifs, en particulier aux heures de pointe. Ils le seront encore plus si les motards sont invités à densifier le trafic sur les rares voies qui permettent aujourd’hui à nos transports publics de rattraper leur retard !

La collectivité paiera la facture

Alors que la population a voté récemment une diminution des tarifs des transports publics, provoquant une baisse des rentrées financières, un ralentissement de la vitesse commerciale du réseau TPG alourdirait encore la facture, de l’ordre d’un franc par kilomètre parcouru pour chaque km/h de perdu. Sachant que les TPG parcourent plus de 26 millions de kilomètres productifs par an, le potentiel de pertes se chiffre en dizaines de millions. Vu la politique menée par le Conseiller d’Etat afin de réduire le budget alloué aux Transports publics, permettre la circulation des deux-roues motorisés sur les voies bus est totalement contradictoire.

Des véhicules dangereux

En 2014 à Genève, près d’un accident de la route sur deux ayant provoqué des blessures ou la mort concernait les deux-roues motorisés. Les conducteurs ou passagers de motocycles subissent des blessures légères ou graves dans plus de 70% des accidents. Les deux-roues motorisés constituent également une menace sérieuse pour la santé publique : les véhicules équipés d’un moteur à 2 temps émettent des quantités d’aérosols organiques et de produits aromatiques qui dépassent de loin les valeurs limitent admises en Europe et aux Etats-Unis. Se déplacer à proximité d’un tel engin représente donc un risque considérable pour la santé.

Des véhicules bruyants et polluants

Les deux-roues motorisés contribuent aux émissions d’hydrocarbures de manière déterminante : en moyenne, un motocycle à 2 temps émet 10 fois plus d’hydrocarbures par kilomètre qu’une voiture de tourisme ! Outre la pollution de l’air, les motocycles sont des champions de la pollution sonore. Contrairement aux voitures, ils ne disposent pas de carrosseries fermées qui atténuent les bruits du moteur. Les motocycles peuvent être actuellement aussi bruyants que les camions et s’entendent donc plus que les voitures de tourisme dans la circulation. Alors que 60% de la population souffre du bruit lié à la route, encourager la mobilité des deux-roues motorisés, c’est faire preuve d’un déni total des maux subis par la population.

Cercle vicieux d’une ouverture partielle des voies bus

Ouvrir seules quelques voies bus au trafic des deux-roues motorisés conduirait au même résultat qu’une ouverture totale. Aujourd’hui déjà, alors que la mesure est totalement interdite sous peine de payer une amende de 60 CHF, les motards et scootéristes sont nombreux à enfreindre la loi chaque jour. Légaliser la pratique, même sur des tronçons déterminés, sera comprise par les conducteurs concernés comme un droit généralisé à circuler sur les voies bus.

Le peuple aura son mot à dire en juin

L’ouverture de certaines voies bus aux deux-roues motorisés est une mesure absurde qui vient renforcer l’importance d’un soutien fort et massif de la population aux objets soumis à votation le 5 juin, pour une mobilité plus durable. Les Genevoises et Genevois seront en effet invités à se prononcer sur l’initiative populaire «Pour des transports publics plus rapides !» ainsi que sur la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée. Marquer son soutien à ces deux projets, dont les Verts sont instigateurs ou partie prenante, équivaut à soutenir le développement d’une mobilité de qualité à Genève, bien loin de mesures telles que l’ouverture des voies bus aux deux-roues motorisés. Ils représentent en outre une occasion unique d’obtenir enfin la paix des transports à Genève. Il est extrêmement décevant que le Conseil d’Etat ne saisisse pas l’occasion de cette votation pour soutenir le développement d’une mobilité durable à Genève, dans un contexte pacifié. Les Verts genevois sont convaincus que le peuple, lui, saura trancher dans le bon sens.