Echo du Grand Conseil des 23-24 janvier – la droite n’a pas pu se retenir plus longtemps sur les lois Corset

Durant la plénière des 23-24 janvier 2025, le menu de ce début d’année a été varié :
Sur le plan de la santé :
La motion verte M 3003-A : pour une qualité de l’air protégeant la santé dans les lieux d’apprentissage sortie de commission avec de petites modifications a été largement acceptée par le plénum pour être renvoyée au Conseil d’Etat ! Comme l’a dit Leo Peterschmitt, motionnaire à l’origine du texte :
« De nombreuses études scientifiques montrent que la qualité de l’air a des bénéfices multiples qui vont de la prévention des maladies contagieuses à l’amélioration des capacités cognitives. Le canton peut agir pour garantir des conditions aérienne propice à l’apprentissage et qui limitent en même temps les coûts et les conséquences des maladies respiratoires. Les lieux d’apprentissage sont des espaces extrêmement importants pour notre société, et méritent les meilleures conditions que nous pouvons offrir de manière raisonnable. »
Concernant la santé mentale, une motion MCG (M2994-A) demandant à l’Etat de porter plus d’attention sur la santé mentale des jeunes a été acceptée largement pour renvoi au Conseil d’Etat :
Votre serviteuse a défendu le rapport sur cet objet : « Cette motion déposée par le groupe MCG est à replacer dans le contexte d’une augmentation de la souffrance psychique dans la jeune population, avec une croissance en particulier des hospitalisations de jeunes femmes en psychiatrie en 2021. Il s’agit notamment de très jeunes filles – on peut parler d’enfants – âgées de 10 à 14 ans. Il faut aussi rappeler, comme l’a souligné le Département de la Santé en commission, que les 18-25 ans sont la catégorie d’âge en plus forte augmentation à l’AI, souvent pour des questions de pathologies psychiques. L’accès aux classes d’école de l’association Stop Suicide, dont l’efficacité des méthodes en matière de prévention du suicide est prouvée, est ainsi bien plus uniforme à Neuchâtel qu’à Genève où il se produit de manière sporadique. »
Sur le sujet de l’éducation sexuelle à l’école (Pétition 2210 – Inciter nos enfants à douter de leur identité sexuelle n’est pas le rôle de l’école), notre collègue Céline Bartolomucci a défendu un rapport de minorité qui résonne particulièrement au vu de l’actualité outre-Atlantique… : « La minorité tient à exprimer ici son inquiétude face à une montée actuelle du conservatisme entourant la sexualité, où certains amalgament dangereusement éducation sexuelle et pornographie comme cela a pu être entendu lors des auditions en commission. Au terme des travaux effectués par la commission, il est apparu le but en filigrane de cette pétition qui réside tout simplement en un retour en arrière sur les enseignements concernant l’éducation sexuelle et repose sur des malentendus et des craintes infondées, véhiculées par une minorité de parents et de milieux conservateurs.
65 % des cas d’abus sexuels sur mineurs ont lieu dans le cadre familial. Cette proportion nous rappelle que, malheureusement, les parents et la famille ne sont pas toujours les refuges que l’on espère pour nos enfants. Les cours d’éducation sexuelle permettent ainsi de leur donner des outils pour comprendre leurs droits, reconnaître par eux-mêmes des comportements inappropriés et demander librement de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. »
Le député Pierre Eckert a lui ferraillé dur sur l’aéroport avec une majorité parlementaire incertaine au moment du traitement de la M 2918-A pour une limitation stricte des vols de nuit »
Selon lui, « Notre seule ambition est que l’aviation paie ses externalités négatives, très négatives. Nous attendons également vigoureusement que l’aéroport respecte les conclusions, votées largement par la population, de l’initiative pour contrôle démocratique de l’aéroport. Celle-ci demande explicitement de conserver un équilibre entre le développement économique de l’aéroport et le respect de la santé de la population riveraine. Et c’est justement ici le point de cette motion. Les atterrissages et les décollages entre 22h et 6h ont clairement un impact très négatif sur la santé population se trouvant dans l’axe. Zurich peut le faire, nous pouvons le faire aussi. »
Suite à un revirement du MCG, la motion est finalement retournée d’où elle venait, en commission: un effet des municipales ?
Sur l’Initiative « pour une politique sportive ambitieuse à Genève », la députée Laura Mach a soutenu l’initiative tout en défendant un contre-projet :
« Parmi les éléments qui nous posent question, figure l’inscription dans la Constitution de l’encouragement des partenariats avec les organismes privés. Cette disposition n’a pas sa place au niveau constitutionnel, et motive déjà le soutien au principe d’un contre-projet. Un contre-projet serait aussi l’occasion de mieux définir le rôle du canton, aujourd’hui trop focalisé sur le sport d’élite, pour mettre en valeur la fonction essentielle du sport comme vecteur de cohésion sociale et outil de lutte contre la sédentarité. Il permettrait notamment d’ancrer la responsabilité de l’État dans le développement proactif du sport au cycle d’orientation et de repenser son rôle dans le soutien à l’encadrement des jeunes, aujourd’hui basé sur un bénévolat en grande difficulté.
Cette initiative a le mérite de relancer quelques ponts entre le canton et les communes en espérant aboutir un jour à une véritable politique cohérente et ambitieuse. C’est pourquoi le groupe des Vert-e-s votera en faveur de cette initiative, tout en appelant à poursuivre le travail législatif sur ce sujet. Nous sommes donc également en faveur du principe d’un contre-projet. »
Sur le plan pénal :
Lors du traitement du rapport de la commission des visiteurs officiels, notre commissaire Sophie Bobillier a souligné que « les deux tragiques décès de jeunes personnes en garde à vue, au Vieil hôtel de police, ont mis en exergue les lacunes importantes de la détection de la vulnérabilité et de la suicidalité des personnes détenues. L’absence d’uniformisation des pratiques dans les postes de police en cas de besoins médicaux est un problème. »
Nous avons approuvé le rapport de concert avec les autres partis du grand Conseil.
Et concernant la M2886-A « En prison pour une amende impayée ? », Sophie s’est également exprimée : « Ce soir, combien de personnes vont dormir à Champ-Dollon pour un billet de bus impayé? Combien de ces personnes ont moins de 25 ans — alors que notre Grand Conseil a permis la gratuité des TPG ? Le Conseil d’État continue à faire planer une importante obscurité. »
Au sujet des lois corset (PL 12574-75), acceptées contre l’avis des Ve la députée Marjorie de Chastonay a déclaré : Ces lois corsets ignorent la réalité de la population, la réalité du terrain, la réalité sociale ainsi que la réalité de la crise écologique.
Le député Julien-Nicolet-dit-Félix a également tonné: « Ces lois sont anti-libérales et anti-démocratiques, car elles visent à restreindre la liberté de notre parlement de définir ses priorités au moment de l’acte législatif le plus important : le vote du budget. Elles visent à mettre un carcan, un corset, une camisole de force à nos services publics et c’est pour cela que nous allons les refuser et lancer le référendum. »
Au sujet du musée de la BD (PL 13517-A), la députée Angèle-Marie Habiyakare a défendu une position prudemment en faveur :
« Ce musée de la Bande Dessinée dans la villa Sarasin est un projet ambitieux qui rend hommage à une forme d’art universelle née ici à Genève, grâce à Rodolphe Töpffer, le pionnier de ce 9ème art. C’est une opportunité de redonner à Genève la place qu’elle mérite dans l’histoire de cet art. Bien que nous votions une subvention d’investissement de 5 millions de francs, les 750 000 francs de fonctionnement annuels qui seront intégrés dans le budget cantonal, ont été l’un des principaux débats. Et institutionnaliser la culture ne suffit pas. Il est essentiel de soutenir les artistes, véritables moteurs de la création. Nous devons leur offrir les moyens de créer et d’innover, tout en favorisant l’émergence de structures autogérées qui permettent aux talents de se développer. »
Et comme la quasi unanimité du plénum, les Vert-e-s ont voté la motion « Pour une place Ruth-Fayon en Ville de Genève » . La députée Angèle-Marie Habiyakare a défendu avec passion ce soutien :
« En témoignant et en transmettant son histoire, elle a choisi de transformer ses blessures en une lumière pour les générations futures. Ces générations d’après, j’en fait partie, je suis également une enfant de rescapés du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda. Je peux vous dire qu’il n’est pas simple de témoigner.
Ruth Fayon nous rappelle que la mémoire n’est pas une donnée immobile. Elle est vivante, humaine, profondément liée à des visages, à des noms, à des voix. Elle nous relie à celles et ceux qui ont souffert, qui ont été arrachés à leur quotidien, mais aussi à celles et ceux qui, comme elle, ont trouvé la force de se relever et de parler pour que le silence ne gagne jamais. L’on entend souvent : « Plus jamais ça. » Cette phrase ne doit pas être une formule figée, mais une promesse active. »
Par Louise Trottet, députée