Par Marjorie de Chastonay, députée Verte. Article paru dans le journal de Syndicom Section Genève, n°3, 2018
 
Une amie m’appelle en pleine nuit. Son mari l’a battue. Poste de police et plainte. Son mari revient sonner chez elle à 5 h du matin.
 
CINQ. C’est le nombre de femmes qui ont été tabassées « à mort » par de jeunes hommes en pleine rue. Elles ont osé dire NON! Plus de nouvelles.
 
Ces exemples concrets se passent à Genève en 2018. Au-delà des violences choquantes mentionnées ci-dessus, que cela soit dans l’espace public ou privé (74% de femmes sont victimes de violences conjugales commises par des hommes), de nombreuses inégalités persistent. En effet, les femmes restent moins rémunérées que les hmmes à travail égal (18% de salaire en moins que les hommes). Les plaintes pour discriminations salariales soit n’aboutissent pas, soit le résultat est si dérisoire qu’il ne permet aucune jurisprudence sérieuse. Les femmes représentent 70% des emplois à temps partiel. Elles accomplissent près de deux tiers des tâches ménagères. Le Grand Conseil n’est toujours pas représentatif de plus de la moitié de la population. Les conseils d’administration des cent plus importantes entreprises suisses sont composés de 83% d’hommes.
 
Et pourtant, il existe un cadre légal avec notre Constitution fédérale depuis 1981. En 1996, la Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes entre en vigueur. Malgré cela, on s’aperçoit très vite que cette loi n’est pas assez contraignante et trop difficile à appliquer, les femmes se découragent devant de si maigres résultats avec de trop gros risques de perdre leur emploi.
 
Deux décennies plus tard, les violences se perpétuent et les inégalités subsistent. Les femmes attendent depuis trop longtemps. Aujourd’hui, un mouvement mondial est né avec le hashtag me too ; pour la première fois depuis longtemps des revendications féminines occupent quotidiennement une place importante dans les médias et lors de la plupart des remises de prix.
 
Il faut absolument profiter que la parole des femmes soit enfin audible pour réclamer:
  • la fin du harcèlement et la condamnation effective de toutes ses formes (pénal);
  • la fin des contrats précaires;
  • l’égalité salariale à tous les niveaux en assurant un meilleur contrôle dans les entreprises ou via un label;
  • la mise en place de quotas dans les postes à responsabilité, instances dirigeantes, conseils de fondation ;
  • le Canton de Genève et les partis politiques doivent montrer l’exemple en nommant autant de femmes que d’hommes dans tous les conseils d’administration et ceci dès le prochain renouvellement;
  • la protection absolue des femmes victimes de violence conjugale, et en particulier celles qui ont fui pour trouver refuge dans notre canton.
Pour changer cela, il faut prendre des mesures qui passent par le soutien aux associations qui sont sur le terrain via des augmentations de postes et de subvention et, comme le demande la pétition «Que la honte change de camp ! », via la création d’un observatoire des violences indépendant de l’Etat. Les heures d’éducation sexuelle doivent être plus nombreuses. Former le personnel de la police et de la magistrature serait aussi bénéfique.
 
On pourrait modifier la Constitution genevoise en instaurant une représentation proportionnelle et paritaire. L’électorat serait ainsi appelé à élire 50 femmes et 50 hommes pour le Grand Conseil. On pourrait imposer la parité dans les statuts des partis comme c’est déjà le cas chez les Verts.
 
La balle est dans le camp politique mais en attendant que ces mesures deviennent contraignantes, alors oui les femmes de ce canton et je l’espère de notre pays croiseront les bras de manière significative comme elles l’ont fait en 1991. Comme l’a dit la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, le temps des mesures volontaires est terminé et j’ajoute celui des mesurettes aussi! C’est en unissant nos indignations que nous arriverons à nous faire entendre.
 
Rendez-vous le 14 juin 2019 !