Par Nicolas Walder, président des Verts genevois. Article paru dans la Tribune de Genève le 10 décembre 2018. 

Entre 1990 et 2014, la population de l’agglomération a augmenté de 37%. Cette croissance s’est accompagnée d’une augmentation de l’emploi et des recettes fiscales, mais aussi d’une crise du logement qui dure, d’une augmentation de la précarité, d’une croissance du bruit et de la pollution de l’air ou encore d’un manque d’infrastructures (crèches, terrains sportifs, lieux culturels, EMS…).

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette pression sur notre canton ne résulte pas des politiques migratoires ou d’aménagement mais bien de la croissance économique, car entre 1990 et 2014, le PIB de notre région a également crû de 40%. C’est logique: les entreprises, attirées par des forfaits fiscaux très attractifs et ne trouvant pas assez d’employés qualifiés sur le marché local, font appel à des travailleurs hors de Genève. Comme, ces vingt dernières années, nous n’avons pas su loger ces personnes, le nombre de pendulaires a explosé. Ainsi, notre canton subit chaque jour 600 000 passages aux frontières, car un actif genevois sur trois habite aujourd’hui en dehors du canton.

Pourtant, l’exiguïté de notre territoire, l’accroissement des inégalités et les périls climatiques devraient aujourd’hui nous conduire à faire preuve de prudence et à questionner cette course effrénée vers le «toujours plus». Non pas pour refuser dogmatiquement les changements sociétaux mais bien pour mieux les maîtriser, et pouvoir ainsi les aborder avec confiance et volontarisme.

Nous pourrions commencer par promouvoir une économie plus durable et moins cupide. Une économie circulaire au service de notre canton et de ses habitant-e-s, avec une fiscalité véritablement redistributive et juste, favorisant les entreprises innovantes et responsables et non le dumping fiscal. À l’opposé du projet de réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) récemment adopté par les Chambres fédérales.

Il faudra aussi encourager la participation citoyenne et le partage des richesses en instaurant un RBI cantonal (revenu de base inconditionnel). Car avec un meilleur partage des ressources et du travail, chacune et chacun trouverait sa place dans notre canton, qui n’en deviendra que plus créatif, collaboratif et entreprenant.

Dans cette Genève solidaire et équitable, il s’agira de travailler à l’échelle du Grand Genève en plaçant la transition écologique au cœur de toutes les politiques publiques. En combattant l’étalement urbain, en valorisant la qualité architecturale, la mixité et l’habitat coopératif, en préservant les zones agricoles et le patrimoine, en privilégiant sans ambiguïté les modes doux de transport, en réduisant les nuisances de l’aéroport ou encore en multipliant les espaces verts.

Adapter notre attractivité fiscale aux limites de notre territoire et à notre capacité à intégrer positivement cette croissance est une évidence si l’on entend proposer aux habitant-e-s une société harmonieuse, équitable et durable, seule capable de réconcilier les Genevois-e-s avec le développement de leur région.