Par Frédérique Perler, Députée

C’’est l’occasion de faire collectivement le point sur l’évolution de l’égalité des droits des femmes au sein de notre société contemporaine. Hélas, les possibles régressions sur ce qui semblaient pourtant des acquis ne manquent pas, à commencer par le débat actuellement menés aux chambres fédérales à propos de l’âge de la retraite des femmes, alors que l’égalité salariale n’est toujours pas concrétisée ! Il en va de même pour la conciliation entre vie professionnelle et familiale, le fameux plafond de verre, et la place des femmes dans l’espace public. Ce dernier point refait actuellement surface dans les medias ces dernières semaines grâce à différents textes parlementaires  -dont l’un déposé par les Verts au Grand conseil- afin que cesse le harcèlement de rue.

Tout n’est donc de loin pas réglé, et les combats durement menés ces dernières décennies restent des victoires bien fragiles et sans cesse menacées. « Vous devrez rester vigilantes toute votre vie ! » disait Simone de Beauvoir.

Qu’en est-il en politique ? La place accordée aux femmes dans le champ politique n’a malheureusement pas beaucoup évolué en Suisse, et rares sont les pays qui peuvent se targuer d’une égalité des genres dans leurs assemblées politiques. Pourtant, les femmes représentent la moitié de notre humanité ! Au Grand Conseil genevois, elles ne sont actuellement que 26 sur 100, avec une seule Conseillère d’Etat. Alors fraîchement élue dans cette assemblée, l’image d’une forêt de cravates restera longtemps gravée dans mon esprit. ’imaginer avoir une quelconque influence sur les décisions qui se prennent, lesquelles engagent l’ensemble de la population avec une aussi faible représentation féminine est particulièrement exigeant. Car en effet, c’est le nombre d’élues, c’est-à-dire la une certaine masse critique qui pourra influencer les décisions qui concernent directement les femmes. 

Depuis leur création, les Verts se définissent comme égalitaires et c’est le parti qui semble offrir le meilleur cadre pour ce qui est de la promotion des femmes en politique. Pour asseoir notre démocratie, ils ont ancrés dans leurs statuts les quotas de genre pour toutes les listes électorales. Et il s’avère que ces listes paritaires proposées à l’électorat genevois ont porté leurs fruits, puisque les femmes vertes élues sont plus nombreuses, tant dans les communes qu’au Grand Conseil, que dans les autres partis. Ainsi, lorsque des femmes sont proposées sur des listes électorales, elles sont élues.

On le voit bien, la parité ne peut se suffire d’une déclaration d’intention et passe par les quotas, condition pragmatique pour favoriser l’accès aux femmes à des responsabilités politiques.

Cependant, à l’interne, la mise en œuvre de cette volonté d’égalité doit encore poursuivre sa réflexion, à travers la mise à jour des mécanismes d’exclusion (et d’auto-exclusion) des femmes dans le champ politique, et des barrières symboliques qui subsistent, auxquelles s’ajoutent la légitimité que les femmes s’accordent en politique et leur rapport au pouvoir.

En effet, il faut se souvenir que le système politique s’est construit sans les femmes, les règles du jeu ont été fixées par et pour les hommes. C’est une réalité, les femmes investissent une activité à la fois historiquement et mentalement réservée aux hommes, (c‘est leur territoire), et elles sont souvent mal préparées pour affronter la compétition politique. A ces propos, le documentaire « Dans la jungle » présenté lors du dernier CinéVert illustre bien ces préoccupations à travers les témoignages de femmes politiques.

De là, il s’agit de rechercher comment le parti a (ou non) dépassé cette partition des rôles sociaux dans sa réflexion, et comment il gère sa volonté d’égalité et de promotion des femmes. Le parti bénéficie de femmes extrêmement compétentes, elles sont à même de prendre des responsabilités politiques dans toutes les instances et au plus haut niveau. Il s’agit de stimuler ces vocations, de mieux les préparer à l’exercice du pouvoir. Car la parité ne se décrète pas, elle se construit, à travers un exercice collectif. La réflexion sur ses thématiques va se poursuivre, pilotée par le groupe égalité des Verts, réflexion à laquelle chaque membre, femme ou homme est naturellement le bienvenu-e !