Par Lisa Mazzone, conseillère nationale et candidate au Conseil des États. Tribune libre parue dans la Tribune de Genève le le 7 janvier 2019. 

Les Suisses veulent que leur pays soit celui qui protège le mieux le climat et qui abandonne les énergies fossiles d’ici vingt ans, selon un récent sondage. Les mobilisations en faveur du climat dans les rues de Genève sont donc l’écho d’une préoccupation largement partagée. Certes, il y a Donald Trump, son climatoscepticisme notoire et le retrait des États-Unis de l’accord de Paris mais, ici et maintenant, nous pouvons agir, notamment avec les moyens de la démocratie directe. Et, de manière encore plus forte, lors du renouvellement du parlement fédéral au mois d’octobre. C’est l’occasion de transmettre un message, alors que l’urgence climatique touche de plein fouet la Suisse. Le réchauffement y est en moyenne deux fois plus rapide, nos glaciers fondent de plus en plus et les glissements de terrain et autres sécheresses se multiplient, rendant la vie des agricultrices et agriculteurs de plus en plus dure.

Notre contribution au réchauffement nous fait porter une grande responsabilité, mais nous sommes prêts à l’assumer. C’est le message qu’a envoyé notre canton, en plébiscitant dans les urnes l’économie verte, la sortie du nucléaire et les aliments équitables, les trois dernières initiatives des Vert-e-s. Des décisions politiques porteuses d’avenir, c’est aussi ce que veulent les jeunes générations. Juste avant Noël, les écolières et les écoliers ont manifesté pour ça. Ils veulent du changement, mais le parlement reste sourd. Lors de la dernière session parlementaire, la majorité du PLR et de l’UDC a vidé la loi sur le CO2 de sa substance.

Plus aucun objectif de réduction des émissions en Suisse, des valeurs d’émissions pour les nouveaux chauffages revues à la hausse, pas un mot sur la place financière ou de mesures concrètes pour modérer le trafic aérien. Hier encore, on apprenait que la Confédération, incapable d’imaginer autre chose que les recettes qui nous ont menés dans le mur, planifie des autoroutes à six voies.

On est pourtant en droit d’attendre autre chose: une limitation du réchauffement à 1 degré pour assurer nos conditions de vie et pouvoir se projeter dans un futur qui ait du sens. On imagine nos quartiers durables avec des coopératives d’habitation, notre agriculture de proximité et ses produits qu’on peut acheter dans des magasins sans emballage, en monnaie locale, nos transports publics accessibles, nos voies cyclables et piétonnes sûres qui nous amènent vers les activités ou une nature accessible. 2019, année charnière, définitivement. En octobre, les élections fédérales sont d’abord un verdict pour le climat. Elles le sont aussi pour le vivre ensemble. Ce sont comme deux jambes nécessaires pour tenir debout.

Pour fonctionner, la politique environnementale doit garantir à chacune et à chacun une vie digne. C’est aussi la recette pour lutter contre l’exclusion et le populisme. À nous de la choisir!