Par Didier Bonny, co-président des Verts Ville de Genève et candidat au Conseil National. Texte paru dans son blog de la Tribune de Genève le 11 septembre 2019.

Une fois de plus, le Conseil des Etats a fait preuve de son conservatisme et de son manque de vision sur un sujet de société. Par 26 voix contre 11, il a voté 7 mesures pour durcir l’accès au service civil et donc le rendre moins attractif. Voici les principales :

  • Les civilistes feront au moins 150 jours de service. Dès le premier cours de répétition, les militaires accompliront plus de jours que maintenant.
  • Les militaires attendront 1 an après avoir déposé leur demande d’admission. Entre temps, ils continueront leur service.
  • Les militaires qui déposent leur demande en pleine école de recrues devront terminer deux ans plus vite qu’avant leur affectation de 180 jours.
  • Les cadres militaires admis au service civil feront 1,5 fois plus de jours qu’au service militaire contre 1,1 actuellement.
  • Les médecins ne pourront plus faire le service civil à des postes de médecins.

A la lecture de cette liste, l’objectif de la majorité est donc limpide : mettre les bâtons dans les roues à ceux qui veulent continuer de servir leur pays, mais autrement. C’est beaucoup plus simple de procéder de cette manière plutôt que de répondre à la « vraie » question, à savoir les raisons pour lesquelles de plus en plus de jeunes s’engagent pour un service civil plutôt que militaire, dont un bon tiers d’entre eux (2264 sur 6205) après l’école de recrues. Il faut ajouter à ce nombre 428 cadres et spécialistes qui « désertent » l’armée en cours de route. On n’est donc pas très loin de la moitié des demandes d’admission au service civil !

La preuve que l’armée telle qu’elle est organisée aujourd’hui n’est plus adaptée à notre époque avec un temps de service trop long par rapport à ce qu’elle apporte le plus souvent à un jeune, contrairement au service civil, beaucoup plus formateur et où l’on n’est pas traité comme un simple pion. Avec cette réforme, qui doit encore être votée par le Conseil national, en principe lors de la session d’hiver, on peut faire l’hypothèse que de nombreux jeunes seront tentés d’emprunter la voie bleue et ainsi éviter à l’avenir tout service à la collectivité.

Un bel autogoal qui sera très vraisemblablement combattu par un référendum si le Conseil national emboîte le pas au Conseil des Etats, ce qui serait le cas dans sa composition actuelle, mais peut-être pas dans sa prochaine si les électrices et électeurs donnent un coup de balai à cette Suisse d’un autre âge !