Le Grand Conseil genevois fait enfin des pas dans la bonne direction au niveau climatique et environnemental, preuve d’une prise de conscience, au moins partielle, de l’état d’urgence climatique. Il a soutenu ce soir des interventions parlementaires Vertes pour limiter la mobilité aérienne et interdire la distribution gratuite de sacs plastiques dans les commerces. Des revers confirment cependant que la prise de conscience est lente, alors que la situation requiert des mesures radicales et immédiates pour éviter l’emballement climatique et la disparition de la faune.

Le grand réveil des consciences sur le climat a bel et bien lieu. Parti des collégien.ne.s, il atteint désormais les bancs conservateurs du Grand Conseil genevois et c’est réjouissant. Une motion et une résolution Vertes sur la mobilité aérienne ont été acceptées en urgence et votées sur le siège. La mobilité aérienne est responsable pour près de 20% au réchauffement climatique à l’échelle suisse et il est donc urgent de clouer au sol les vols en avion superflus. La résolution, déposée par Isabelle Pasquier, a été renvoyée à l’Assemblée fédérale, l’invitant à mettre en place une taxe sur les billets d’avion. Elle est complétée d’une motion, signée par Delphine Klopfenstein, qui invite le Conseil d’Etat à durcir les règles dans la fonction publique, de sorte que seuls soient autorisés, à titre exceptionnel et sur demande dûment justifiée, les voyages en avion de plus de 1200 km (aller simple).

Une autre motion Verte, portée par Jean Rossiaud, n’a pas reçu le même soutien en plénière et a été renvoyée en commission, une décision regrettable. Elle invite le Conseil d’Etat à adapter le Plan climat aux revendications portées par les jeunes et notamment la réduction à zéro des émissions cantonales de gaz à effet de serre d’ici à 2030, ou 2050 au plus tard. Autre revers sur la question climatique : le Grand Conseil a adopté le contreprojet PLR à l’initiative « Pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève ». Alors que l’initiative demande de prendre en considération l’impact de l’aéroport sur la population riveraine et l’environnement, le contreprojet renforce la prépondérance des intérêts économiques dans le développement de l’aéroport, au mépris des riverains et du climat. Les Verts ont dénoncé avec véhémence ce texte trompeur et dangereux.

Sur le front de la protection de nos sols, de nos cours d’eau et de notre faune, les nouvelles sont réjouissantes. Le Grand Conseil a plébiscité ce soir un projet de loi Vert révolutionnaire, déposé par Delphine Klopfenstein, intitulé « halte au sac plastique ». La loi sur la gestion des déchets est amendée de sorte à interdire la mise à disposition gratuite en caisse de sacs plastiques dans les lieux de vente du canton. L’article prévoit également que le Conseil d’Etat favorise l’utilisation de sacs réutilisables (compostables, en tissu ou en papier) et qu’il encourage les commerces de manière générale à éviter les emballages plastiques. Alors que les principales enseignes du pays mettaient en circulation 66 millions de sacs plastiques en 2017 en Suisse, une étude révélait en décembre dernier qu’environ 50 tonnes de plastiques sont jetés chaque année dans le lac Léman. Il était urgent d’agir, et ce projet de loi, déposé conjointement avec le PDC, représente une pierre importante à l’édifice de la lutte contre la pollution plastique.

Par contre, la majorité du Grand Conseil a décidé de renvoyer en commission une résolution Verte visant à protéger les insectes pollinisateurs en bannissant les insecticides néonicotinoïdes qui leur sont particulièrement nocifs. Suite à la décision du Conseil fédéral d’interdire définitivement trois de ces insecticides les plus nocifs, l’auteure de la résolution, Delphine Klopfenstein, a proposé un amendement général, visant à étendre cette interdiction à l’ensemble des néonicotinoïdes. Selon la première étude mondiale sur l’évolution des populations d’insectes, récemment publiée, la plupart des insectes auront disparu de la planète d’ici un siècle si la tendance actuelle se poursuit. Interdire les insecticides les plus nocifs tient de l’évidence dans ce contexte et les Verts genevois regrettent la frilosité du Grand Conseil, qui aurait dû voter cette résolution amendée sur le siège.

Finissons sur une bonne note en termes d’égalité entre femmes et hommes : le Grand Conseil genevois a enfin voté la motion Verte, déposée par Adrienne Sordet, visant à ce qu’aucun examen ne soit organisé par les établissements scolaire du secondaire II le 14 juin 2019, de sorte que les étudiant.e.s et le corps enseignant puissent participer, sans hésiter à la grève féministe nationale prévue à cette date.