Par Valentin Dujoux, co-président des Jeunes Vert-e-s Genève et candidat aux élections municipales en Ville de Genève. Texte paru dans son blog de la TdG, le 12 novembre 2019.

Ce vendredi, un comité référendaire a lancé son attaque d’un autre âge contre le congé paternité. Ces avancées sociétales, pourtant attendues ardemment par une majorité de la population, traînent donc à être mises en œuvre. Les combats rétrogrades de certain-e-s, parlons-en.

Un référendum contre le droit d’être père

En septembre dernier, le Conseil National validait un projet minimaliste : deux semaines de congé paternité. Alors qu’une solution de quatre semaines était proposée par une initiative populaire, ce contre-projet a été préféré justement parce qu’il était moins coûteux.

Aujourd’hui, c’est justement le coût de cette mesure minimaliste qu’une minorité dénonce. Issues de la droite déconnectée des réalités de la population, ces personnalités majoritairement de l’UDC (avec quelques membres du PLR et du PDC) et du monde des entreprises fustigent un projet qui irait à l’encontre de l’économie, et des valeurs traditionnelles.

En effet, il serait si bête de « briser des rôles traditionnels » tout en « payant des vacances à quelques rares pères ». Ces réflexions offensantes et archaïques ne sont pas inventées. Pire, elles sortent tout droit du comité référendaire.

 

Et s’il n’y avait que cela …

Ce combat contre le congé paternité est d’un autre âge. Tout comme le référendum lancé par la droite dure et traditionaliste contre l’extension de la norme pénale antiraciste visant à sanctionner les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Parce qu’insulter serait de la liberté d’expression, les propos homophobes ne devraient pas être condamnés.

Il est intolérable qu’en 2019, une personne soit insultée pour ce qu’elle est, ce qu’elle pense, ce qu’elle fait ou la personne qu’elle aime. Et il inconcevable que la justice ne punisse pas de tels agissements. Nous voterons le 9 février prochain et j’ai la conviction que la population ira dans le sens d’une Suisse progressiste et ouverte.

Les forces passéistes ne s’engagent pas uniquement contre les évolutions sociétales. Sur Forum, la candidate genevoise de l’UDC Genevoise au 2nd tour du Conseil des Etats annonçait également que son parti lancerait le référendum contre la future loi sur le CO2. Egalité et écologie : deux domaines où toute avancée est torpillée, alors que ces deux piliers sont ceux largement soutenus par la population  le 20 octobre dernier.

 

La société civile : une pression qui paye

Ces référendums montrent le décalage total de certain-e-s avec les aspirations d’une majorité de la société. Et il souligne justement le rôle de la société civile dans ces avancées.

Pour le congé paternité, deux implications fortes ont enfin décidé le Parlement à se saisir sérieusement du dossier. Il y a d’abord eu 107 075 signatures en faveur de l’initiative fédérale pour quatre semaines accordées aux jeunes pères. Cette demande par les institutions démocratiques a été renforcée par un cri de la rue : celui des femmes le 4 juin dernier pour une politique familiale moderne.

Quant à la loi sur le CO2, si elle est aujourd’hui revue et améliorée, c’est aussi grâce à la pression des grèves pour le climat. La population civile s’est emparée de sujets et a fait savoir qu’elle voulait des changements concrets et immédiats. Avec un message clair : on ne veut plus de cette politique qui dit NON en comptant ses sous avant de penser au bien-être de sa population.

Cela s’est traduit lors des élections fédérales avec un Conseil National davantage progressiste, féminin, écologique et jeune. Et il ne fait aucun doute que ce mouvement de fond se poursuivra au moment de dire OUI à la pénalisation de l’homophobie le 9 février, et lors de toute occasion en faveur d’une Suisse digne des aspirations du 21ème siècle. 

Les combats rétrogrades, parlons-en. Car derrière ces référendums se cachent une volonté d’immobilisme qui retarde des avancées sociétales. Et si ces combats rétrogrades sont d’une absurdité sociale, ils représentent aussi pour l’ensemble des personnes qui se sentent concernées, de prêt ou de loin, une violence crasse.