Dans le cadre des Journées de l’Environnement des Verts genevois

Retour sur la visite de Papirec, Carouge, du mercredi 21 septembre 

Par Corinne Jacquelin, membre du comité cantonal et du GT environnement/déchets

Une vingtaine de curieux a répondu présent pour participer à la visite de l’entreprise Papirec (groupe Barec), organisée par les Verts genevois. Cette visite, placée sous le signe de la bonne humeur, a permis de découvrir comment sont triés et conditionnés les papiers et cartons usagés collectés sur le territoire genevois, avant leur envoi vers des filières de valorisation. Papirec, qui emploie 18 personnes à Genève, est l’une des 3 entreprises qui gèrent ce type de déchets dans le canton. La valorisation des déchets est l’un des points cruciaux d’une économie durable et respectueuse de notre environnement et ce principe se retrouve dans l’initiative favorable à l’économie verte soutenue par les Verts.

La visite, menée par Messieurs Pradervand et Leu, directeurs chez Papirec, a débuté sur des rappels concernant le tri. Les exigences du tri sont assez bien respectées en Suisse, que ce soit par les entreprises ou par les particuliers, ce qui permet d’augmenter sa qualité et sa valorisation. Ceci favorise en outre la diminution des quantités de matériaux qui seront incinérés. Un partenariat avec la Ville de Genève, qui se charge en partie de la collecte de ces déchets, permet de détecter les quartiers où le tri n’est pas efficient et d’y intervenir. Papirec assure la collecte des entreprises, qui peuvent aussi déposer elles-mêmes leurs déchets sur le site de l’usine.

Nous avons ensuite découvert le dépôt principal où sont réceptionnés, triés et conditionnés les papiers et cartons collectés. Ils y sont triés manuellement, afin de garantir une qualité optimale des lots. Une fois conditionnés, les lots sont acheminés pour valorisation par route ou par rail en Suisse alémanique, siège des cinq papèteries suisses. Une partie des lots est exportée, notamment vers l’Espagne : les camions qui livrent des fruits et légumes en Suisse repartiront en Espagne chargés de carton à recycler ! La Suisse produit plus de vieux cartons que ce dont elle a besoin : l’exportation est alors une voie nécessaire à la durabilité de cette filière.

Des explications plus précises sur les différentes qualités de papiers et cartons ont apporté des réponses aux interrogations des participants. Ainsi, nous avons appris que les papiers collectés en entreprises de couleur blanche étaient séparés (manuellement toujours !) des papiers colorés, ou encore que les invendus des marchands de journaux étaient utilisés pour blanchir le papier recyclé ! En effet, plus un papier est recyclé, plus il devient gris : l’utilisation du papier couché (type papier de magazine) permet, de par sa composition riche en fibres de bois, d’éclaircir le papier sans recours à un blanchiment chimique. Le papier blanc « classique » est quant à lui réutilisé pour fabriquer des mouchoirs jetables, du papier toilette, etc. Les déchets de papier produits par les particuliers sont envoyés en désencrage, du fait de leur moins bonne qualité. Si de la ferraille est présente, elle est soit enlevée et mise de côté lors du tri (exemple des anneaux de classeur) soit valorisée ou incinérée en papèterie (cas des agrafes). Nos guides nous expliquent en effet que les déchets autres que le papier (fenêtres des enveloppes etc.) finissent toujours par ressortir de la chaîne et sont souvent incinérés sur place, ce qui fournit de l’énergie à la papèterie !

Nous avons aussi appris que les fibres qui composent le papier et le carton ne peuvent pas être recyclées à l’infini ! Généralement, au bout de sept fois, les fibres sont trop endommagées et il devient nécessaire d’apporter de nouvelles fibres (cellulose dans le cas du papier). La filière papetière a donc encore besoin des arbres, bien que les usines qui fabriquent de la pâte à papier pure (non recyclée) soient de plus en plus rares en Europe.

Une fois calibrés, les papiers et cartons triés passent sous presse afin d’être conditionnés : les balles ainsi produites pèsent entre 500 kg et 1,2 tonne chacune et sont adaptées à leur chargement. La visite s’est poursuivie dans le hangar de stockage de ces balles. Papirec s’est aussi associé avec plusieurs grands groupes (alimentaires notamment) afin de collecter et conditionner d’autres matériaux : emballages plastiques, PET, etc. que l’on retrouve sous forme de balles, acheminées ensuite dans des filières spécialisées. La problématique des ELA (emballages de liquides alimentaires type TetraPak) est abordée : ces matériaux, constitués de différentes couches de cartons, d’aluminium et de polyéthylène, sont très difficiles à traiter.

Il est enfin rappelé que seul le papier propre peut être valorisé : les déchets souillés (carton à pizza etc.) sont triés et éliminés. Actuellement, les ordures ménagères sont encore composées à 20% de papier/carton : si 8% sont souillés et donc non recyclables, plus de 10% seraient valorisables. Il est donc encore utile d’améliorer le tri dans nos poubelles ! Car même si les quantités de papier jeté diminuent (suite à la baisse des publicités papier ou des journaux), le carton est toujours plus utilisé, ce qui est essentiellement dû à l’essor des ventes sur internet. Le tri à la source reste la solution optimale à la valorisation de nos déchets : moins cher qu’une collecte non sélective, il offre un tri de bien meilleure qualité, sans contamination entre différents types de déchets.

La visite s’est terminée par un moment convivial autour d’un apéritif préparé par le
s établissements publics pour l’intégration (EPI). Ludique et passionnante, elle a permis de démontrer que les idées d’une économie verte sont à la fois réalistes, réalisables et même parfois déjà mises en pratique !

Afin de boucler durablement les cycles, qu’ils soient énergétiques, biologiques ou – comme dans ce cas – matériels, et de garder une vision pérenne de nos ressources, il est essentiel de dire OUI à l’initiative sur l’économie verte le 25 septembre !

Plus d’infos sur les prestations du groupe Barec (http://www.barec.ch/fr/groupe-barec/home.html) et sur la campagne en faveur de l’économie verte (http://www.economieverte.ch/)